« Ils m'ont dit de quitter l'appartement. Ils ne m'ont pas dit pourquoi »

G :  » Y a pas eu de papiers, non non, c’était tout par téléphone, on m’a appelé : « oh G, il faut que tu quittes la maison bientôt là ! » « comment ça je quitte la maison ? » « Oh le gouvernement a pris les choses en mains y a les organisations qui vont vous sortir, comme ça tu vois, tu vas aller dans le camp de Nea Kavala ! « .

F, G, comme des milliers de personnes en Grèce, ont reçu un appel téléphonique similaire cet automne 2022.

F- non, ils ont dit 3 jours mais je ne suis pas sorti parce que j’avais pas loué d’appartement, j’avais pas d’autres solutions. Pendant deux mois j’ai vécu un grand stress, chaque fois, dès que je mettais ma tête sur l’oreiller j’avais peur d’être expulsé par la police le lendemain. J’te jure, pendant deux mois. C’est le cauchemar. Chaque fois que je partais au travail, en revenant j’avais peur de retrouver la porte avec une nouvelle serrure. »

G et F sont deux amis qui avaient obtenu un logement dans le cadre du programme ESTIA II , un programme d’hébergement destiné aux demandeur’euse’s d’asile en Grèce. En février 2022, le gouvernement a annoncé la fermeture du programme malgré le soutien de la Commission européenne qui souhaitait poursuivre son financement jusqu’en 2027. Des milliers de personnes ont été envoyées dans des conteneurs insalubres à l’écart des villes ou condamnées à dormir dans la rue.

Les autorités grecques ont expulsé massivement tandis que les institutions européennes et les médias internationaux étaient complices par leur silence. Nous pensons que la fin du programme n’est pas seulement un portrait exemplaire de l’approche de la Grèce en matière de migration, mais offre également un aperçu de la logique brutale qui régit les politiques migratoires européennes au sens large.

Au départ, ce programme semblait fondé sur l’intention d’offrir aux demandeur’euse’s d’asile la stabilité nécessaire pour se construire une nouvelle vie en Europe, de créer des liens avec les communautés locales et, avec le temps, de devenir financièrement indépendant’e’s. Comme l’exige la législation européenne elle-même (Art. 17 Nr. 2 of the EU directive 2013/33/EU), le programme semblait viser un niveau de vie « adéquat », ainsi qu’une aide financière et des garanties pour la santé physique et mentale de ses demandeur’euse’s.

Le programme ESTIA a été créé par le HCR en 2015 avec un financement de la Commission européenne et a fourni jusqu’à 27 000 hébergements dans…

La suite est à lire sur: iaata.info
Auteur: IAATA