« Ils ne supportent plus l'incertitude climatique et économique » : Solidarité paysans à l'écoute du monde agricole

« La facture de gasoil, je ne la regarde même pas… Je n’ose même plus faire le calcul. Je laisse tout dans la boîte aux lettres. » Sur la table d’Olivier* comme au pied du canapé, les piles de dossiers s’accumulent. Des piles de dettes. À 45 ans, cet éleveur de bovins ne s’en sort plus. Autour de la table, André, Bruno et Marie – de l’association Solidarité Paysans dans la Loire, un mouvement qui vient en aide aux agriculteurs – sont venus le visiter. « Je vois que tu as payé les fermages (location des terres agricoles, ndlr), bravo, c’est déjà énorme, les propriétaires ne te reprendront pas de terrain », l’encourage Bruno.

L’accompagnement d’Olivier par l’association a commencé en 2020. « Il avait cinq ans de retard dans le paiement de ses cotisations auprès de la mutualité sociale agricole (MSA), se remémore Marie. Depuis, on a mis en place un échéancier avec la MSA et il paie chaque mois. On l’aide dans l’accès aux droits. Il ne faut pas rester seul face à ses dettes, ne pas rester seul tout court. Quand on entre dans la spirale de la difficulté, tout ne fait qu’empirer. On lutte contre l’isolement et le suicide des agriculteurs. On est là, on accueille sa souffrance. L’important est que la personne aille bien. »

« Je veux éviter que des agriculteurs prennent la corde. Parce qu’il y a des jours où ils n’en sont pas loin. »

Bruno, 58 ans, a bénéficié de l’aide de Solidarité Paysans quand sa ferme rencontrait des difficultés financières. Il veut aider à son tour et est bénévole depuis deux ans à Solidarité Paysans 42.

© Sophie Chapelle

« On chemine avec, on ne fait pas à la place des gens »

La situation financière compliquée d’Olivier est malheureusement loin d’être une exception dans le milieu agricole. En 2021, Solidarité Paysans a accompagné plus de 60 personnes ou familles dans la Loire, installées en élevage pour une grande majorité. Les appels à l’aide ont doublé depuis une décennie. « Ce qui motive principalement l’appel, c’est en général des difficultés de trésorerie et un fort taux d’endettement », explique Léa Fanget, salariée de l’association. L’épuisement professionnel est la deuxième cause des demandes. « Ils nous disent ’’je suis au bout’’, ’’je n’en peux plus’’, ’’je ne sais plus ce qu’il faut faire’’… Il y a une grande fatigue physique et mentale. »

« On lutte contre l'isolement et le suicide des agriculteurs ». Léa Fanget et Marie Ayasse, salariées de Solidarité paysans Loire.

« On lutte contre l’isolement et le suicide des agriculteurs »

Léa Fanget et…

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Auteur: Sophie Chapelle