Ils nient le changement climatique et le clament sur Twitter

En France, le réseau social Twitter connaît un regain de climatoscepticisme depuis l’été 2022. Publiée le 13 février, une étude indique que près de 10 000 comptes actifs fabriquent et diffusent une multitude de contrevérités sur le changement climatique. Pour ces twittos, l’objectif est simple : semer le doute et saboter la diffusion des connaissances scientifiques.

Rattachés à l’Institut des systèmes complexes Paris Île-de-France, une unité du CNRS, quatre scientifiques ont passé au macroscope deux années d’échanges sur Twitter — une somme d’informations considérable. Au total, plus d’un quart des comptes français abordant les questions climatiques sont « dénialistes », c’est-à-dire qu’ils rejettent les faits bénéficiant d’un consensus au sein de la communauté scientifique compétente. S’ils restent minoritaires, leur nombre n’est pas négligeable, d’autant que certains abritent jusqu’à 300 000 followers. À titre de comparaison, Valérie Masson-Delmotte, climatologue de renom, en compte à peine plus de 70 000.

La structuration soudaine de cette communauté climatosceptique made in France aurait été engendrée par une triple actualité : la série d’événements météorologiques extrêmes, la tenue de la COP27 marquée par l’emprise des industries fossiles, et enfin « la convergence des enjeux du réchauffement climatique et de la sécurité d’approvisionnement en pétrole et en gaz du fait de la guerre en Ukraine », détaille l’étude. Cerise sur le gâteau, à l’automne 2022, le milliardaire américain Elon Musk s’est emparé du réseau social et a décidé de fermer des services de modération.

Antivax, extrême droite et pro-Kremlin

Alors quels visages se cachent de l’autre côté de l’écran ? Qui alimente ces comptes ? Les quatre chercheurs ont tenté d’établir un portrait-robot de ces climatosceptiques. Premier constat : 60 % d’entre eux ont relayé la propagande pro-Kremlin sur la guerre en Ukraine. Un grand nombre sont « antivax » et ont participé aux campagnes numériques « antisystèmes », telles que le convoi des libertés à l’hiver 2022 ou la vague complotiste autour du variant Omicron, à l’automne 2021.

« Mise à part une proportion non négligeable de comptes impliqués dans la sphère informationnelle de Reconquête ! [le mouvement d’Éric Zemmour], la communauté dénialiste n’est a priori pas composée de militants politiques relevant des partis traditionnels », note le mathématicien David Chavalarias, principal auteur de l’étude. Autre enseignement, en décembre 2022, 6,2 % de ces comptes étaient des « bots » — des comptes programmés pour twitter automatiquement. Cette armée de robots…

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Auteur: Emmanuel Clévenot Reporterre