Encore un projet de loi sur l’immigration en débat au Parlement, c’est le 29e depuis 1980, soit en moyenne un tous les 17 mois. Cette prolifération est parfois due à la volonté de revenir sur des mesures adoptées par un autre gouvernement, mais elle montre aussi le niveau de crispation atteint à l’égard des immigrés dans nombre de partis politiques. Tout se passe comme s’il fallait prouver aux électeurs que le pouvoir mène des politiques efficaces contre l’immigration illégale et pour la sécurité publique. De nombreux politiciens semblent persuadés que les considérations négatives envers les immigrés prédominent dans l’opinion publique.
Qu’en est-il exactement ? Comment ont évolué les perceptions de l’immigration depuis 40 ans ?
Dans l’enquête sur les valeurs des Européens (EVS), réalisée tous les neuf ans, une question sur la préférence nationale à l’embauche est posée dans les mêmes termes depuis 1990. Alors que 61 % des Français se déclaraient favorables à une préférence nationale à l’embauche en 1990, ils ne sont plus que 42 % à y être favorables en 2018. Il s’agit d’une évolution à la baisse très importante, là où on aurait pu s’attendre à une augmentation.
En effet, pendant la même période, depuis les années 1990, l’extrême droite a progressé. Mais ses succès sont loin d’être seulement dus à des discours anti-immigration. Ses demandes sur l’augmentation du pouvoir d’achat, sa critique de la classe politique, sont attrait pour des leaders autoritaires y sont aussi pour beaucoup. Même si la thématique de l’immigration est un enjeu qui marque constamment l’électorat du Rassemblement national, ce n’est pas le seul.
Au second tour de l’élection de 2022, d’après un sondage Opinionway, l’enjeu le plus déterminant pour l’électorat Le Pen était le pouvoir d’achat, l’immigration ne venant qu’en second, suivi par l’identité française…
La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Pierre Bréchon, Professeur émérite de science politique, Sciences Po Grenoble, Auteurs historiques The Conversation France