Incendies 2022 : comprendre la dynamique des feux en Europe grâce aux « pyrorégions »

En Europe, la saison des feux 2022 a été largement médiatisée et, dans plusieurs pays, la surface brûlée a été considérée comme « sans précédent ». Mais pour la plupart, ces analyses ne suffisent pas à étayer de telles conclusions.

Quelques mois après ces événements, grâce à des données homogènes sur le climat et les feux de forêt, nous pouvons recontextualiser ces feux de l’été 2022 : en convoquant des événements passés et en analysant comment le changement climatique pourrait modifier l’activité de tels événements dans le futur.

D’où viennent les données de surfaces brûlées ?

Parmi les analyses présentées dans les médias, nombre reposent sur la base de données EFFIS (pour European Forest Fire Information System).

Cette base de données collecte les surfaces brûlées à partir de sources différentes (satellites, inventaires nationaux), mais souffre de biais majeurs, notamment des changements de procédure dans la collecte des données au cours du temps afin d’en améliorer la qualité. Ces biais entravent l’analyse des tendances sur le long terme ou l’analyse d’une année spécifique telle que 2022.

Les données issues des satellites sont souvent utilisées pour examiner les feux à l’échelle d’un continent en raison de leur cohérence spatiale et temporelle. Cependant, il est important de reconnaître que ces données sous-estiment l’activité des feux, en particulier ceux inférieurs à 100 hectares qui échappent à la détection des satellites. En revanche, les données sont homogènes à la fois dans le temps et l’espace, ce qui permet d’établir des comparaisons entre différentes années et différentes régions.




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Pour nos travaux, nous utilisons les anomalies thermiques issues des satellites MODIS, disponibles depuis 2001 ; cet indicateur en temps quasi-réel de l’activité des feux est largement utilisé dans la littérature scientifique.

La saison des feux 2022

En agrégeant les données sur l’Europe et en cumulant les anomalies thermiques depuis le 1er janvier, nous voyons à l’aide du graphe ci-dessous que 2022 se situe au-dessus de la moyenne, mais n’atteint à aucun moment de l’année la valeur maximale observée au cours des deux dernières décennies.

Par exemple, les anomalies thermiques pour les années 2003, 2007, 2012, et 2017 sont largement plus élevées qu’en 2022. À l’échelle européenne, l’année 2022 se situe ainsi dans la fourchette historique et n’est pas « sans précédent », contrairement à l’impression relayée par de nombreux médias.

Anomalies thermiques cumulées à travers l’Europe. Ces anomalies quotidiennes sont issues des capteurs MODIS Terra/Aqua sur la période 2001-2022 (dernière mise à jour le 31 août 2022). Elles constituent un…

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Auteur: Luiz Felipe Galizia, PhD, Inrae