Incendies en Bretagne : la catastrophe inattendue

Bodenna, Botmeur, Berrien (Finistère), reportage

« On vit un stress permanent, à surveiller la lande… Et puis, cette odeur si désagréable ! Ça ne s’arrête pas de fumer. » Hélène, retraitée, habite à Bodenna, dans l’ouest des monts d’Arrée. Le 11 août, plusieurs routes qui y mènent étaient toujours fermées. Le village a dû être évacué deux fois, une en juillet, et une autre cette semaine. Car si certains croyaient encore la Bretagne à l’abri des suffocations de la crise climatique, cet été extrême leur aura démontré le contraire. Victime d’une sécheresse exceptionnelle, la région affronte de multiples incendies depuis deux mois. Et ce sont ceux dans les monts d’Arrée qui frappent le plus fort : 2 000 hectares ont été ravagés par les flammes depuis le 18 juillet, et une reprise des feux particulièrement importante a eu lieu ces derniers jours.

« C’est terrifiant de voir des flammes de je ne sais combien de mètres, dit Hélène, les larmes aux yeux. J’ai eu très peur pour la ferme là-haut, et quand j’ai vu les fumées énormes, je me suis dit, mon dieu, tout est perdu ! Mais les pompiers ont réussi à tout sauver. » Comme ses voisins, Hélène est encore remuée par l’évacuation, où elle a dû laisser derrière elle ses animaux. « On se dit qu’on les laisse dans le feu… » Heureusement, l’incendie n’est pas parvenu jusqu’au village. Hélène est rentrée chez elle, mais ses valises sont encore pleines de la veille, prêtes à partir à tout moment. Car, partout sur la lande, le feu couve encore. Les fumerolles sont visibles à des kilomètres, et les risques de reprises de feu sont importants.

De nombreux villages ont dû être évacués en Bretagne. © Gwenvaël Delanoë/Reporterre

À l’extérieur, un vacarme mécanique rebondit sur les collines. « Ce sont les agriculteurs qui construisent un chemin pour que les pompiers puissent accéder, explique la retraitée. Je suis admirative des pompiers, et des cultivateurs. Toute la nuit ils travaillent, apportent des tonnes de lisier remplies d’eau ; ça ne s’arrête pas, je ne sais pas comment ils tiennent. »

La solidarité est forte, et l’organisation collective spontanée : scruter les alentours est devenu un réflexe pour de nombreux habitants, certains allant jusqu’à faire des « rondes » pour détecter d’éventuelles reprises de feux. D’autres s’organisent pour éteindre les fumerolles qui couvent encore sous la lande calcinée.

Car nombreux sont les Bretons à avoir une attache…

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Auteur: Gwenvaël Delanoë Reporterre