Inquiétudes après la mégafissure à la centrale nucléaire de Penly

Nouveau coup dur pour EDF. Ce dernier a découvert une nouvelle fissure, inédite par sa profondeur et sa localisation, sur le réacteur no 1 de 1 300 mégawatts (MW) de la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime). Un nouvel épisode dans la série noire de la corrosion sous contrainte, qui pourrit la vie de l’électricien depuis bientôt un an et demi.

Cette fois-ci, « la fissure s’étend sur 155 mm, soit environ le quart de la circonférence de la tuyauterie, et sa profondeur est de 23 mm, pour une épaisseur de 27 mm », décrit l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Elle se situe sur la branche chaude du circuit d’injection de sûreté, un système d’une importance cruciale pour prévenir les accidents nucléaires graves puisqu’il permet de refroidir le cœur du réacteur en cas de brèche dans le circuit primaire. EDF l’a découverte en janvier, à l’occasion d’une expertise sur une soudure réalisée dans le cadre du programme de contrôle de corrosion sous contrainte.

Une fissure d’une taille inédite

Première surprise : la fissure est d’une profondeur jamais observée auparavant. « Les défauts découverts jusqu’à présent étaient plutôt de l’ordre de 2 à 6 mm », rappelle à Reporterre Karine Herviou, directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), chargée du pôle sûreté des installations et systèmes nucléaires. Qui alerte sur le risque de rupture du tuyau et de fuite au niveau du système de refroidissement principal du réacteur.

Est-ce grave ? Difficile à dire. Chaque réacteur est doté de quatre boucles d’injection de sûreté : si l’une se rompt, les trois autres sont censées pouvoir prendre le relais et suffire pour éviter l’accident. « Après la découverte du problème de corrosion sous contrainte, EDF a refait des calculs et démontré que le cœur pourrait être refroidi même si deux boucles étaient rompues. Le groupe a aussi sensibilisé les équipes de conduite en salle des commandes pour qu’elles arrêtent le cœur rapidement au moindre doute sur l’occurrence d’une fuite », rassure Karine Herviou.

Une fuite d’eau légèrement radioactive dans l’enceinte de confinement du réacteur n’en reste pas moins un événement hautement problématique, même s’il n’y a pas de contamination de l’environnement alentour. « C’est la catégorie la plus grave d’accident pris en compte aujourd’hui, explique Yves Marignac, expert nucléaire à l’association NégaWatt et membre des groupes permanents d’experts de l’ASN. Ça entraîne une contamination de l’ensemble de l’enceinte de confinement et ça met des années à être réparé. » Il ne faudrait pas non plus que plus…

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Auteur: Émilie Massemin Reporterre