Inscriptions nazies : qui profane les tombes des « gens du voyage » ?

Le soleil de midi se réfléchit sur les graviers blancs qui tapissent le sol du cimetière de Beaurepaire, en Isère. Solide gaillard à la barbe minutieusement taillée, Pierre Winterstein plisse les yeux. À ses pieds, un caveau familial abrite les dépouilles de son oncle, ainsi que de son jeune cousin et de sa cousine, morts dans des accidents de la route à quelques années d’intervalle.

La sépulture est jonchée de fleurs, que surplombe une pierre tombale où sont incrustées les photos des défunts. Le regard fixé sur les portraits, Pierre Winterstein lâche : « S’ils ont quelque chose contre nous, qu’ils viennent nous voir, mais qu’ils ne touchent pas à nos morts. »

Il y a un an, l’homme se tenait dans ce même cimetière, face au même caveau, qui n’avait pas la même allure : sur les visages juvéniles, des croix gammées avaient été dessinées à la hâte, sans doute au marqueur noir. Deux ou trois rangées plus loin, d’autres tombes avaient été souillées, ainsi qu’une dernière, tout au fond, près du mur d’enceinte. Le 22 mai 2024, dans le petit cimetière de la commune de Beaurepaire (5000 âmes), douze caveaux au total ont été profanés, recouverts de symboles nazis.

À Beaurepaire, en mai 2024, douze tombes ont été profanées, recouvertes de croix gammées.

©ANGVC Drôme/Isère

Tous appartenaient à des Voyageurs – des « gens du voyage », pour reprendre les termes de l’administration. « Des attaques racistes, antitsiganes », martèle Pierre Winterstein. Son émotion est palpable et semble n’avoir rien cédé à la lassitude. Dans la plaine de la Bièvre, pourtant, ce n’est pas la première fois que les tombes des Voyageurs sont prises pour cibles.

À Beaurepaire, des actes similaires ont déjà été commis en 2022. Le même scénario s’est également joué à une trentaine de kilomètres, au Grand-Lemps. Ainsi qu’à La Côte-Saint-André, à mi-chemin des deux bourgs,…

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Auteur: Tiphaine Guéret