Insécurité : un constat truqué par l’extrême droite

 

À l’aube des élections présidentielles, l’insécurité est devenue l’un des thèmes centraux de la campagne. Le travail accompli depuis 50 ans par le Rassemblement National (RN) et ses alliés a fini par payer et, de l’extrême droite à la droite extrême, la course à qui fantasmera le mieux « l’ensauvagement » de la société est lancée. Retour en chiffres sur les mensonges qui ont construit le mythe de l’explosion de la délinquance.

 

Des marcheurs aux partisans de Zemmour en passant par les républicains et le RN, plus personne à droite ne semble vouloir prendre de recul sur les questions d’insécurité et d’immigration. Au contraire, la course à qui sera le plus virulent et le plus excessif sur ces questions fait rage. « Ensauvagement », « Grand Remplacement », volonté de créer un « Guantánamo à la française » : toute formule qui manque d’outrance risque désormais de se faire taxer, comme Marine Le Pen face à Gérald Darmanin, de « molle ». Car dans cette affaire, seules les postures comptent. Le réel est relégué au second rang.

 

Insécurité : deux sources possibles

 

Pourtant, des données précises existent pour mesurer l’insécurité en France. Elles proviennent de deux sources. D’un côté, on trouve le bilan statistique Insécurité et délinquance. Il se base sur les données réunies par les commissariats de gendarmerie et de police à partir des plaintes des victimes. Celles-ci sont traitées par le Service Statistique Ministériel de la Sécurité Intérieure (SSMSI) dans un rapport annuel. À noter que cette étude ne mesure pas « l’insécurité », terme vague et fourre-tout, mais la délinquance.

De l’autre, on dispose des données issues de l’enquête d’opinion Cadre de Vie et Sécurité (CVS), menée par l’INSEE auprès de 20 000 à 25 000 ménages. Là encore, ces données sont traitées par la SSMSI. La dernière en date a été réalisée en 2019 et porte sur l’année 2018. À cause de la crise sanitaire, l’enquête n’a pas pu avoir lieu en 2020.

Ces deux études ont bien évidemment leurs faiblesses : le bilan Insécurité et délinquance reste partiel, puisqu’il ne permet pas d’évaluer le nombre d’actes de délinquance qui ne donnent pas lieu à des plaintes. Quant à l’enquête CVS : « il s’agit de données d’enquêtes par sondage, donc les estimations doivent être interprétées en lien avec les intervalles de confiance dont les concepts sont discutés » – autrement dit, elles reposent sur des conventions statistiques débattues…

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Auteur: Guillaume Bernard