Les inspecteurs généraux des finances représentent l’élite de la haute administration. Censés servir l’État et l’intérêt général, ils préfèrent souvent émarger dans la finance. Des allers-retours problématiques sur lesquels Basta ! s’est penché.
Emmanuel Macron, après moult revirements, a annoncé la suppression de l’École nationale d’administration (ENA) et celle des grands corps d’État. Serait-ce donc la fin de l’Inspection générale des finances (IGF) ? Ce corps d’État, dont est issu Macron lui-même, recrute les énarques les mieux classés à leur sortie de promotion. Le top du top, ceux qui partent travailler dans les hautes sphères du ministère des Finances, à la direction du Budget ou à celle du Trésor, d’où ils pilotent la politique économique de la France. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette « élite » de la haute fonction publique n’a pas une bonne image dans l’opinion.
Allers-retours entre secteur bancaire et ministères
C’est peut-être parce qu’elle incarne encore plus que d’autres le manque d’étanchéité entre secteur public et intérêts privés. Car le plan de carrière préféré des IGF, ce sont des allers-retours entre le ministère des Finances et le secteur bancaire, en passant par les cabinets ministériels. Est-il possible de conseiller un ministre des Finances quand on a travaillé juste avant pour le secteur bancaire ? Pour les IGF, cela ne semble pas poser problème. Est-il possible de participer au sein de la direction du Budget ou du Trésor, à la rédaction des régulations du secteur financier, quand on sait que l’on ira ensuite travailler pour celui-ci ? Pas de souci !
À Basta !, on s’est dit que cette situation n’est pas sans poser problème. Nous avons donc voulu mieux cerner les parcours de ces inspecteurs des finances, pour mettre en lumière ces plans de carrière problématiques et les potentiels conflits d’intérêt. Mais l’administration ne communique pas facilement des informations sur ces hauts fonctionnaires. Pas de base de données publique sur les postes occupés par les IGF, actuellement ou par le passé. Pour pallier ce manque, nous avons retracé les parcours de plus de 370 inspecteurs des finances des 44 dernières promotions, de 1975 à 2019. Un travail de fourmi, commencé en 2017 et que nous venons de réactualiser (voir notre base interactive).
Le résultat est (toujours) édifiant : 59 % des IGF ont fait au moins un passage dans le privé. Plus d’un tiers (34,4 %) sont passés par le secteur…
La suite est à lire sur: www.bastamag.net
Auteur: Agnès Rousseaux