« Interclass' » : une (ré)éducation aux médias signée France Inter

En préambule de cet article, précisons qu’il ne s’agira pas de juger des effets du programme sur les élèves, pour la simple raison que nous ne pouvons guère les appréhender au-delà de ce qu’en décrit Emmanuelle Daviet elle-même. En revanche, il semble légitime de questionner – en guise de contribution critique – les principes et les pratiques qui fondent cette « éducation aux médias » façon France Inter. A fortiori s’agissant d’une mission de service public, accomplie en partenariat entre une radio publique et des enseignants de l’Éducation nationale. Disons-le d’emblée, car le constat ne paraîtra que peu surprenant : la critique des médias et des pratiques journalistiques, dont certains aspects occupent pourtant une place centrale dans le diagnostic réalisé avec les élèves, est plutôt vite balayée. Aux dépens d’une éducation aux visées critique et émancipatrice, et au profit d’une double « restauration » : celle d’une image « positive » des médias traditionnels et de la « confiance » à leur égard ; et celle d’une citoyenneté « respectueuse » des « valeurs de la République ».

Une formation d’« apprentis journalistes »

L’ouvrage d’Emmanuelle Daviet est divisé en cinq chapitres : « L’urgence d’une éducation aux médias » ; « La création d’InterClass’, une méthodologie rigoureuse » ; « Des apprentis journalistes » ; « InterClass’, responsabilisation et « faire ensemble » » ; « InterClass’, un dispositif partenarial ».

Au commencement du programme, il y eut une stupeur dans les rangs des journalistes. Le 8 janvier 2015, jour de la minute de silence en hommage aux victimes de Charlie Hebdo, « des cas de perturbations […] par des élèves sont signalés ». « Des enseignants en plein désarroi » se tournent alors vers des journalistes, dont ceux de la rédaction de France Inter, et « les sollicitent pour qu’ils viennent dans les établissements, afin de dialoguer avec les élèves et expliquer la notion de liberté d’expression ».

Dans ce contexte, la directrice de France Inter, Laurence Bloch, qui estime que « restaurer la confiance dans les médias est aujourd’hui une nécessité démocratique », investit la journaliste Emmanuelle Daviet d’une mission : concevoir un programme d’éducation aux médias afin de « rétablir la confiance entre la presse et les jeunes et de retisser du lien social ». Cette dernière se dit toute indiquée, « étant passée par tous les postes qu’un…

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Auteur: Nils Solari Acrimed