Les nouvelles technologies se sont imposées dans nos vies avec une extrême rapidité et nous serions bien incapables de prévoir le futur qu’elles nous réservent. Ce que l’on peut encore et en tous cas nous réappropier, c’est leur généalogie. C’est ce que propose Jonathan Bourguignon dans son premier livre, Internet, année zéro qui vient de paraître aux éditions Divergences : de la naissance de l’internet à la gouvernementalité cybernétique chinoise en passant par l’épopée de la Silicon Valley, il s’agit dans ce livre de comprendre l’intrication entre idéologie et technologie. Ou comment la cybernétique dont la prétention première était l’émancipation individuelle constitue aujourd’hui le plus imparable outil de contrôle et de domination. Se pencher sur cette histoire, c’est comprendre la continuité épistémique, technique et philosophique qui nous amène du mouvement hippie à l’évaluation et au traçage systématique de nos mouvements, de nos comportements et de nos affects. L’histoire de l’internet qui selon l’auteur, n’en est qu’à son année zéro.
Commençons peut-être par la troisième partie de ton livre, puisque c’est de notre présent qu’il s’agit. Depuis quelques années la Chine suscite de nombreux fantasmes que la pandémie actuelle n’a fait qu’exacerber : contrôle omniprésent, État omnipotent, cybersurveillance, 5G, crédit social et docilité de la population … Qu’en est-il réellement ? Ces technologies sont-elles si « efficaces » que cela ? Efficaces au regard de quels objectifs ? S’il s’agit de savoir à quel point des algorithmes de reconnaissance faciale sont capables dans n’importe quelles conditions et sans erreurs d’identifier un individu à tout moment sur un territoire, on peut rappeler l’expérience vécue il y a déjà quatre ans par un journaliste de la BBC (voir la vidéo), retrouvé en moins de 7 minutes par le système de surveillance de la ville de Guiyang à partir d’une simple photo. En quatre ans, le nombre de dispositifs et les capacités des algorithmes ont été décuplés. Mais la puissance d’une technologie ne se limite pas à sa dimension technique, mais aussi au discours qu’elle génère sur une population. De manière anecdotique, prenons Le Lac aux Oies Sauvages, sélectionné à Cannes en 2019, qui met en scène un petit gangster rattrapé par le système de surveillance. Ce que montre indirectement le film, c’est que ces dispositifs font désormais partie intégrante de la vie…
La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: stage