Introduction à la puissance d'une mentalité

Descendantes de moudjahidines et de moudjahidates en territoire français, nous portons une mentalité qui ne s’inscrit que dans les plis de nos existences. Une mémoire qui ne raconte pas, mais qui sent. Elle est dans la manière dont nos corps se faufilent, dont nos regards percent les manœuvres en cours. Un savoir informulé. Une conscience vive des structures qui nous pèsent. Et ici, en fouillant dans les interstices de nos villes, nous avons compris qu’elle ne nous est pas propre : elle est celle des vaincues.

Cette mentalité, nous voulons la dire un 19 mars plutôt qu’un 5 juillet. Parce qu’elle ne se range pas du côté de celleux qui nous ont trahies. Celleux qui ont transformé la force de nos ancêtres en un cœur puissant, mais vidé d’acte. Elle ne s’incline ni devant la nostalgie des bureaucrates du FLN, qui promettaient l’autogestion avant de la piétiner, ni devant les généraux repus qui ont tout avalé – jusqu’à se hisser en caste, jusqu’à pactiser avec l’ennemi. L’histoire officielle nous parle d’une indépendance. La réalité, elle, parle d’un peuple sous tutelle, maintenu dans le simulacre. De la « Mecque des révolutionnaires » à la décennie noire, une guerre civile légale pour tenir en laisse celleux qui auraient pu tout renverser.

Face à ça, notre mentalité ne se veut ni commémoration ni lamentation. Elle est une ferveur intacte. Depuis ici, depuis les territoires de l’empire, elle affirme ce qu’elle a permis : une grande séquence de conspiration populaire contre le colonialisme. Le 19 mars est le jour parfait pour se la rappeler, ou plutôt pour la restituer. Car ce jour porte l’ambiance de la défaite : celle des nostalgiques d’un Empire qu’ils croyaient éternel, celle des patriotes éplorées devant l’agonie de leurs illusions. Leur rêve de Poitiers s’est fracassé à Alger.

Parce qu’elle n’est pas instituée, cette mentalité est contradictoire….

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Auteur: dev