Invasion à Brasilia, Bolsonarisme et Bricolages institutionnels

Cette semaine, Diego Lanciote propose plusieurs éclaircissements nécessaires concernant les évènements du 8 janvier à Brasilia, où les partisans de Bolsonaro ont envahi plusieurs institutions d’Etat. Il y décortique les arrangements entre personnalités politiques, les bricolages institutionnels, le rôle des Forces Armées et les affects du bolsonarisme : « quand un bolsonariste regarde le peuple, il se voit lui même ».

On peut considérer l’événement de l’invasion de la Place des Trois Pouvoirs à Brasilia au dimanche, le 8 janvier 2023, comme un prolongement des effets qui ont commencé à se dessiner juste après la victoire de Lula aux élections présidentielles. Ce scénario est caractérisé surtout par la méfiance au système électoral brésilien, provoqué par Bolsonaro et ses épigones, depuis et même peu avant la campagne électorale de 2022. La position a été la suivante : parce que les urnes électorales sont électroniques, elles sont susceptibles à la fraude. A ce moment-là, le but des institutions d’État, notamment celui de la Cour Suprême Électorale, a été d’assurer que le processus électoral soit incontestable, à la fois pour légitimer le processus électoral dans son ensemble, et à la fois pour légitimer le système de vote électronique, afin qu’aucun des deux ne puissent être contestés, d’aucune façon.

Dans ce contexte, il faut souligner le rôle ambiguë joué par les Forces Armées : en même temps que le haut commandement militaire affirmait sa neutralité par rapport aux élections, en respectant son rôle d’encadrement constitutionnel, elles ont néanmoins demandé à la Cour Suprême Électorale de participer au dépouillement des urnes, c’est-à-dire que les Forces Armées ont demandé l’accès complet aux entrailles du système électoral afin de produire un rapport sur la confiance ou non dans le système de vote électronique, et cela sans aucune pouvoir légal en la matière.

Cette ambiguïté se doit d’être précisée : comment une institution d’État, une institution de la République Fédérative qui n’est pas constitutionnellement un pouvoir, qui n’appartient ni au Législatif ni au Judiciaire ni à l’Exécutif (et qui plus est une institution supposée être complètement indifférente aux couleurs politiques quelles qu’elles soient), comment les Forces Armées peuvent demander un contrôle, même indirecte, du processus électoral ? Le “comment” on connaît la réponse : en considérant les limites constitutionnelles des…

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Auteur: lundi-matin