Iran : « Les nouvelles générations font des choses que la mienne n'aurait pas imaginées, elles n'ont pas peur »

L’Iran connaît depuis cet automne un nouveau vaste mouvement de protestation contre le régime autoritaire et ultra-répressif en place depuis 1979. Les mobilisations ont débuté à la suite de la mort en détention, le 16 septembre 2022, de Jina Mahsa Amini, une jeune femme kurde arrêtée à cause d’un voile « mal » porté selon les forces de l’ordre iraniennes.

Des mobilisations ont eu lieu dans une grande partie du pays. La répression des autorités est encore une fois terrible. Des centaines de personnes ont été tuées. Depuis décembre, les condamnations à morts se multiplient, plusieurs manifestants ont été exécutés.

Hawzhin Baghali, sociologue, avait participé au mouvement de protestation de 2009. En France depuis douze ans, elle est aujourd’hui active au sein d’un collectif créé après l’assassinat de Jina Mahsa Amini nommé Roja et composé d’Iranien·ne·s et de Kurdes opposé·e·s au régime. Entretien.

 Basta! : Parvenez-vous à avoir des nouvelles de la situation en Iran ?

Hawzhin Baghali : C’est moins compliqué aujourd’hui qu’en 2019 [où il y avait déjà eu un vaste mouvement de manifestations en Iran, violemment réprimé]. En 2019, internet avait été coupé complètement pendant plusieurs jours, on n’avait plus aucune relation avec l’Iran. Aujourd’hui, on reste en contact avec les gens là-bas.

« Ce qui se passe au Rojava joue un grand rôle au Kurdistan d’Iran »

On regarde les infos tout le temps, heure par heure, sur des chaînes Telegram essentiellement, en kurde et en perse. Nous avons des contacts avec nos familles, nos amis. Quand je lis une nouvelle sur une ville, je demande à quelqu’un qui vient de cette ville si c’est bien vrai.

Jina Mahsa Amini, dont la mort a déclenché les protestations était kurde. La région kurde d’Iran s’est particulièrement mobilisée depuis l’automne. Est-ce nouveau ?

Le Kurdistan iranien a toujours été un front de résistance contre le régime. Il était déjà un front de résistance contre la monarchie, et au début de la révolution de 1979. Ensuite, le Kurdistan est devenu la dernière barricade des forces de gauche contre le gouvernement.

Il y a toujours eu des échanges d’idées entre le Kurdistan d’Iran et le Kurdistan d’Irak. Depuis 2014-2015, ce qui se passe au Rojava [région kurde dans le Nord-Est de la Syrie, lieu d’une expérience émancipatrice depuis 2014 joue aussi un grand rôle au Kurdistan d’Iran.

Quand les femmes iraniennes crient « Femmes, vie, liberté », c’est un slogan qui vient du…

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Auteur: Rachel Knaebel