Iran : « Ne parlez pas de protestation, son nom est devenu Révolution. »

Cet entretien revient sur les fondements du soulèvement actuel, il a été mené par le collectif de la cantine syrienne de Montreuil dans le cadre des Peuples Veulent.

Rona a grandi au Kurdistan dans une petite ville et a ensuite étudié à l’université de Téhéran. En 2014, elle arrive en France pour débuter une thèse de sociologie à l’université Paris 8 sur le mouvement des femmes au Kurdistan. Activiste en exil, elle est engagée à partir d’une perspective internationaliste, féministe et anticapitaliste, pour la cause des femmes, des populations minorisées et plus généralement contre la dictature en Iran. Raisons pour lesquelles il ne lui est plus possible aujourd’hui de se rendre dans son pays.

LPV : Bonjour, Rona, un grand merci de nous accorder ce temps alors qu’on sait à quel point cette période est chargée pour toi et le collectif. Avant tout, peux-tu nous raconter un peu ton parcours politique ? Rona  : J’avais 18 ans quand je suis arrivée à Téhéran et 28 ans quand je suis arrivée ici en France. Pendant 10 ans à Téhéran j’étais surtout active dans le mouvement étudiant et parfois pour la cause des femmes, mais elles étaient surtout réformistes à l’époque. De manière générale, les actions que l’on menaient n’étaient pas définies de manière radicale, mais c’était le cas de tout le monde, pas seulement des féministes. Le mouvement étudiant à l’époque était très actif, on participait aussi aux actions des Kurdes. Il y avait pas mal d’assassinats, d’exécutions, alors on organisait des actions, des manifestations. Je faisais comme tous les étudiants politisés, mais j’avoue m’être radicalisée surtout à mon arrivée en France. La politique a pris une place particulière et très importante.

Je suis arrivée en 2014 et c’était le moment du Rojava alors je me suis complètement socialisée politiquement avec ce mouvement, avec ses participant.e.s. J’ai des ami.e.s qui sont parti.e.s là-bas, j’ai travaillé pour ma thèse sur ce mouvement et ça m’a énormément nourrie pour vraiment comprendre ce que sont les mouvements sociaux, ce qu’est une révolution, comment on peut changer la situation sous une dictature, dans un contexte autoritaire. C’est comme ça que je me suis formée, en même temps que dans le contexte politique français qui était beaucoup plus actif à l’époque qu’aujourd’hui.

Comment vous êtes-vous constitué comme collectif Irano-Afghan en France ? Le collectif 98 prend son nom de la dernière révolte populaire, et nationale…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin