Iran : quand la révolte des femmes accueille d’autres luttes

Depuis un mois maintenant, les manifestations se poursuivent en Iran suite au décès de Mahsa Amini, 22 ans, battue à mort par la police des mœurs le 13 septembre.

Ces protestations, sévèrement réprimées par le régime, portaient initialement sur les droits des femmes. Mais, rapidement, d’autres revendications s’y sont ajoutées. Mieux le comprendre nécessite une approche intersectionnelle, car nous assistons à une convergence des luttes sociales derrière la cause des femmes : celle-ci va de pair avec l’apparition d’une nouvelle génération militante, de nouvelles revendications et de nouvelles formes d’action.

Un soulèvement au nom de la cause des femmes

Lors de la cérémonie de funérailles de Mahsa Amini, plusieurs femmes auraient ôté leur voile scandant le slogan « Jin Jiyan Azadi » (Femme Vie Liberté) afin de protester contre la loi imposant en toutes circonstances le port du hidjab. Très vite, ce slogan a été repris à travers le pays, notamment dans les universités de Téhéran, comme ElmoSanat, et de Tabriz. Ces manifestations ont suscité une réponse violente du régime.

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Rappelons que l’obligation du hidjab en tant que question religieuse, politique et idéologique peut être considérée comme le symbole de la politique répressive et inégalitaire mise en œuvre en Iran dès le lendemain de la révolution de 1979 : les femmes font l’objet depuis plus de quarante ans de nombreuses mesures discriminatoires, qui les privent de nombre de leurs droits fondamentaux comme le droit de choisir leurs propres vêtements, le droit égal au divorce et à la garde des enfants, le droit de voyager à l’étranger, le droit d’être présentes dans certains espaces publics (tels les stades de football ou d’autres types de stades sportifs), le droit d’exercer certains métiers ou des postes clés comme président de la République, juge et plusieurs autres postes militaires et religieux.




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C’est pourquoi des militantes féministes qualifient l’Iran actuel d’apartheid des genres et dénoncent la « ségrégation sexuelle systématique » qui y a cours.

Ces dénonciations ont été récurrentes – et toujours réprimées – tout au long des plus de quarante-trois ans d’existence de la République islamique. À partir de 2017, on assiste à l’émergence de nouvelles formes de protestation (des protestations individuelles), portées par de nouvelles générations d’activistes féministes, et même à la mobilisation de divers groupes marginalisés et des hommes pour la cause des femmes. Le 27 décembre 2017, Vida Movahed brandit un hidjab blanc, attaché au bout d’un bâton. Son geste a un grand impact en Iran et d’autres…

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Auteur: Dorna Javan, Doctorante en science politique à IEP de Lyon, Université Lumière Lyon 2