Iran : un peuple qui se soulève

Alors que la répression déployée par l’État iranien a fait près de 200 morts en trois semaines, le soulèvement populaire qui défie le régime ne faiblit pas. HB et AB sont membres d’un collectif d’Iranien·nes en France, féministes et queers anticapitalistes et internationalistes, qui a organisé plusieurs rassemblements et actions en soutien au mouvement populaire en Iran. Ils reviennent pour Contretemps sur le mouvement actuel et la vague de contestations que connait l’Iran depuis 2009. Par souci de précaution, ils préfèrent rester anonymes. Cet entretien a été réalisé le 3 octobre dernier.

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Contretemps – Pouvez-vous rappeler ce qui a déclenché le mouvement populaire actuel en Iran et comment celui-ci s’est développé dans tout le pays ?

HB et AB – Le soulèvement actuel a été déclenché après la mort de Jîna Mahsa Amini, une jeune femme de 22 ans, à Téhéran. Jîna était originaire de Saqqez, une ville du Kurdistan d’Iran. Cela a déclenché des rassemblements, dans un premier temps devant l’hôpital où elle avait été emmenée. Mais le véritable point de départ a été l’enterrement de Jina, où l’on a accusé tout de suite les dirigeants du pays comme étant coupables de ce meurtre. Les slogans ont immédiatement demandé la fin du régime, et le mot d’ordre le plus repris était « Jin, Jiyan, Azadî », c’est-à-dire, « femme, vie, liberté ». Ce slogan s’est propagé partout dans le pays. Cet événement est important parce qu’on n’a pas fait comme pour un enterrement normal ; des femmes kurdes ont pris la parole pour accuser le régime et ont revendiqué l’égalité. Ça a été vraiment l’événement déclencheur de cette insurrection.

Le gouvernement voulait organiser rapidement cet enterrement. À trois heures du matin, la ville a été encerclée par les forces de l’ordre pour empêcher la population des villes voisines de rejoindre l’enterrement, mais les habitants de Saqqez sont sortis dans la rue et ont permis que les autres personnes puissent entrer dans la ville. Une grande cérémonie a été organisée, et ce qui était touchant, c’est que les femmes ont pris la parole, en particulier les enseignantes. Ça s’est inscrit dans une mobilisation depuis plusieurs années. À Saqqez les travailleur.ses sont actif.ves. Il y a eu beaucoup d’arrestations le premier mai dernier qui ont touché en particulier les plus connus des activistes parmi les travailleur.ses, et en juin, ce sont une vingtaine d’enseignant.es qui ont été arrêté.es. Il y avait…

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Auteur: redaction