Irriguer avec des eaux usées, une bonne idée ?

Murviel-lès-Montpellier (Hérault), reportage

Les feuilles de vigne miroitent sous le zénith, et les futures grappes, encore vertes, bourgeonnent entre les sarments. La récolte s’annonce bonne. Aux pieds des ceps, un discret tuyau apporte l’or bleu, goutte à goutte, au vignoble. « Cette eau provient directement de la station d’épuration, indique Nassim Ait Mouheb, pointant du doigt une lagune en contrebas. Ici, il n’y a pas d’eau à puiser, alors on essaye de réutiliser celle qui vient d’être épurée. »

Depuis cinq ans, ce chercheur à l’Institut national de recherche agronomique (Inrae) mène une expérimentation ambitieuse : montrer qu’irriguer avec les eaux usées est sans risque pour la santé et bénéfique pour l’agriculture et l’environnement.

Des roseaux alimentés par les eaux traitées de la station de Murviel-lès-Montpellier. © David Richard / Reporterre

Face aux sécheresses et aux pénuries d’eau récurrentes, la réutilisation des eaux usées traitées — alias « reut » pour les spécialistes — a le vent en poupe. L’idée paraît ingénieuse : récupérer l’eau qui sort des stations d’épuration pour arroser les champs ou les espaces verts. Il ne s’agit donc pas de brancher les tuyaux de nos toilettes directement dans notre jardin !

À Murviel-lès-Montpellier, « les eaux grises des habitants sont d’abord dégrillées [filtrées à travers des grilles qui retiennent les matières solides] puis filtrées sur des lits de graviers plantés de roseaux », explique Florence Voillet, chargée de la station pour la métropole de Montpellier. Un traitement à base de chlorure ferrique est aussi effectué afin d’éliminer le phosphore. C’est seulement ensuite que l’eau peut être récupérée pour l’irrigation.

« Les eaux usées constituent une ressource qui peut satisfaire les usages agricoles »

Sur le papier, la pratique a tout pour séduire : économie d’eau potable, fertilisation des cultures sans engrais — puisque l’eau traitée est plus riche en azote et en phosphore que l’eau claire. « Dans l’Hérault, on manque d’eau, notamment en période estivale, observe Nassim Ait Mouheb. Les eaux usées constituent une ressource qui peut satisfaire les usages agricoles. »

En France, les premiers projets ont d’ailleurs vu le jour dans les années 1980 afin d’arroser des cultures dans des régions sans accès à l’eau : sur les îles de Noirmoutier (Vendée) et de Porquerolles (Var), ainsi que dans la plaine de Limagne, près de Clermont-Ferrand…

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Auteur: Lorène Lavocat Reporterre