« IRSN assassiné » : les salariés de la sûreté nucléaire refusent leur dissolution

« Nous sommes l’IRSN, nous ne sommes pas l’ASN, nous sommes l’IRSN… » Sur un air de Jean-Jacques Goldman, une foule compacte de salariés grévistes de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) — plus de 700 selon les syndicats — ont clamé leur identité, mardi 28 février, sur l’esplanade des Invalides à Paris. Et leur rejet du projet du gouvernement de dissoudre l’institut, qui fournit des expertises sur les dossiers nucléaires français, dans l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

La mobilisation est d’autant plus forte que le gouvernement a déposé deux amendements à la loi d’accélération du nucléaire le 25 février, manifestant ainsi sa détermination à achever le plus rapidement possible cette réorganisation. Le premier élargit le champ des missions de l’ASN pour y intégrer certaines des missions actuellement exercées par l’IRSN, comme l’expertise et la recherche en sûreté nucléaire ; le deuxième prévoit le transfert à l’ASN des agents de l’IRSN qui exercent actuellement ces missions. Les amendements, ainsi que leur décret d’application, prendront effet au plus tard le 1ᵉʳ juillet 2024.

Ces textes, évasifs, n’ont pas dissipé l’incertitude quant aux missions futures des salariés de l’IRSN. « Nos expertises pour l’ASN ne représentent que 20 % de notre activité, explique Patrick Lejuste, chef de projet en sûreté nucléaire et élu CGT au conseil d’administration de l’IRSN. On travaille aussi beaucoup sur les questions médicales, la radioprotection, l’environnement. » « Nous suivons aussi plus de la moitié des travailleurs du nucléaire sur leur dosimétrie, et donc leur santé, complète son collègue Nicolas Brisson, adjoint au chef de laboratoire d’expertise en radioprotection et en intervention, également élu CGT au conseil d’administration. Mais tout ça, ce n’est pas mentionné dans l’amendement. »

« L’impréparation est totale »

Autre sujet de préoccupation, le statut des ex-IRSN au sein de l’ASN. « L’ASN est une autorité administrative indépendante, qui n’emploie que des fonctionnaires, explique M. Lejuste. Quel sera demain le statut salarial des personnels de l’IRSN qui y seront intégrés ? C’est le grand flou. »

Véronique Leroyer, chargée de mission ouverture à la société, elle, s’interroge sur la publicité qui sera faite des expertises de l’IRSN, une fois qu’elle aura été intégrée à l’ASN : « Dans son communiqué, la ministre de la Transition énergétique a dit que l’indépendance, la transparence et le dialogue seraient conservés. Mais rien, dans l’amendement, ne garantit que les expertises continueront d’être publiées. »

Place…

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Auteur: Émilie Massemin Reporterre