La Croix : Que vous a appris la mer qui permet de tenir lorsque l’actualité assombrit l’horizon ?
Isabelle Autissier : J’ai appris en mer que les choses sont comme elles sont. Je ne vais pas changer la forme des vagues, ni la direction du vent. Naviguer nous enseigne que nous ne sommes pas les maîtres de la nature. Nous ne la plions pas à nos envies, ni à nos intérêts. Mais nous faisons partie d’elle. La seule façon de survivre en mer, c’est de comprendre la nature et s’ y adapter
C’est à moi de m’adapter. Cette leçon, je l’applique le reste du temps. Ce n’est pas la peine que je me prenne la tête pour des choses sur lesquelles je ne peux rien. Il y a suffisamment de sujets sur lesquels je peux agir. Concernant le dérèglement climatique ou ce qui se passe à Gaza, je peux me mobiliser. Je peux changer mon attitude. Je peux prendre sur mon temps, sur mon argent ou sur ma notoriété pour essayer de pousser dans un sens ou dans un autre. Je suis assez pragmatique. Il ne sert à rien de pleurer ou de trembler. Ce qui est utile, c’est de se battre. J’essaie de faire, à mon niveau.
L’autre chose que l’on apprend en mer, c’est la solidarité. Quand quelqu’un a un problème, si les autres humains ne se bougent pas pour venir l’aider, c’est fini.
Comment se prépare-t-on à affronter des situations extrêmes, comme des tempêtes ?
I. A. : J’essaie de visualiser les problèmes que je pourrais rencontrer. J’imagine, par exemple, que le bateau peut se mettre à l’envers, donc je vais rechercher des solutions, décortiquer le problème techniquement, me former, m’équiper. Bref, développer des outils qui vont me permettre de m’en sortir. Ainsi, le jour où cela arrive, c’est évidemment brutal et douloureux, mais il n’y a pas cet effet de sidération que l’on peut avoir lorsque quelque chose de totalement imprévu vous tombe sur la tête.
Est-ce que cela a changé votre état d’esprit ?
I. A….
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Auteur: Recueilli par Aude Carasco