Israël-Palestine, le 7 octobre et après (1) : un cadrage médiatique verrouillé

S’interroger sur les grandes caractéristiques et dynamiques du traitement médiatique de la nouvelle séquence du conflit opposant l’État d’Israël aux Palestiniens signifie questionner, en premier lieu, ce qui est apparu, à partir du 7 octobre, comme le périmètre « légitime » du débat public ou, pour reprendre une formule chère à Alain Minc, le « cercle de la raison » – ou « cercle du réel et du possible ». Autrement dit : les premiers et les principaux des biais que nous allons étudier ne concernent pas tant le contenu que le contenant et, avant d’envisager une étude critique de l’évolution de la couverture médiatique des événements eux-mêmes, ce qui fera l’objet d’un prochain article, il nous semble essentiel de poser la question du cadre global de cette couverture et des limitations/délimitations qui ont été posées d’emblée ou dans les premiers jours qui ont suivi le 7 octobre 2023.

N’en déplaise à Alain Minc et à ses héritiers, l’existence de ce « cercle de la raison » n’est en effet pas un donné mais un construit, et il est évident que, dans le débat public, par des effets de cadrage et de légitimation/délégitimation, les « grands médias » jouent un rôle central dans la construction de ce cercle : ce qui peut et ne peut pas être dit, ce qui doit et ne doit pas être dit, ce qui est contestable et ce qui ne l’est pas, etc. Il ne s’agit pas de dire ici que le discours médiatique sur Israël et les Palestiniens serait uniforme, mais d’avancer l’hypothèse selon laquelle, sur cette question comme sur bien d’autres, les grands médias produisent de lourds effets de cadrage et délimitent le périmètre du débat légitime. Pour reprendre les termes du grand Alain Minc lui-même : « C’est à l’intérieur de ce cercle du réel et du possible qu’un vrai débat démocratique doit s’instaurer. »

Prologue : « On avait oublié »

Nous avons déjà eu…

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Auteur: Julien Deroni