« It's time to cancel everything ! »

J’appelle solitude la foule.
(Pascal Quignard – L’homme aux trois lettres)

Des femmes fatiguées, des hommes mélancoliques, des enfants absents, des vieillards prostrés, des soldats amputés, des pantins désarticulés, sans parler de ceux que l’on ne qualifie pas… (Que du beau monde, en somme !)

webcam torve aux aguets de la joie jamais là
hors long lent lockdown sous l’abribus destroy
Belle allaite un têtard Bill tête un pétard
rare objective hallu la rage égare à vivre
(« le monde et moi et patati et patatras »)

Nuit. Toute la ville dehors, toute, du nourrisson désarmé au vieillard cacochyme. Manifestation générale et sans motif. Grand silence, zéro slogan. Densité de corps inédite. Foule sans âme. Pas l’ombre d’un policier, chacun étant son propre policier. Un certain effroi règne. Au cœur de l’agora, ligoté au totem d’immunité, l’Elu marmonne en boucle une buée de mots : « Le temps n’est plus où le temps était ou sera, l’action accouche de la vérité. » Des bannières anarchistes bariolées accrochées aux bouches des cheminées qui ne fument plus, écrites dans une langue imagée inconnue, claquent comme des fouets dans le vent. Mon avatar existe dans cette foule. Et comme tout un chacun, il arbore un rictus qui ne masque rien, incapable de s’objectiver et de s’extraire de ce cul-de sac-politique. (Métarêve acide)

Et parce qu’on travaille sur soi en permanence, on ne sait plus travailler sur quelque chose. (Falk Richter- A deux heures du matin)

A chaque produit son qr code comme à chaque individu son empreinte génétique.
A chaque produit son individu comme à chaque empreinte génétique son qr code.
A chaque individu son produit comme à chaque qr code son empreinte génétique.
A chaque individu son qr code comme à chaque produit son empreinte génétique.
(Ecologie de la trace)

Les chiens dans la nuit rongent des os gravés dans les mythes, les chiens dans la nuit chient dans les boucles de l’infini, les chiens dans la nuit hurlent la mort aux enchères, les chiens dans la nuit aiment les chiens dans la nuit : effrayés les hommes aboient des ordres aux astres. (Comme si de rien n’était)

Buvant avec des hommes de série, courtisé par des femmes de téléréalité, père d’enfants digitaux, fossoyeur de métier, il ne faut pas s’étonner qu’à chaque instant je pense le contraire. (Matérialisme historique et dématérialisation)

« J’ai repensé à Mitch et à ses paroles sur le fait qu’on mène une vie qui ne sert à rien et c’est très vrai mais y songer peut rendre fou d’une folie qui…

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Auteur: lundimatin