« J'ai craqué » : à la SPA, ils adoptent les chiens et chats abandonnés

Tenant en laisse une chienne au pelage crème, un jeune couple approche du perron. Leur pas est hésitant, leur mine confuse. « Nous venons vous donner notre animal, murmure l’homme. Nous n’arrivons pas… » Sa voix se noue. Il ne peut plus prononcer un mot. À ses côtés, la femme essuie d’un revers de manche une larme roulant sur sa joue. Elle n’ose pas plonger ses yeux dans le regard vif et joueur de l’animal. Au loin, des aboiements s’échappent du chenil.

Rarement la Société protectrice des animaux (SPA) n’avait connu pareille saison estivale. Dans les soixante-trois refuges qui parsèment le territoire, partout le constat est le même : les abandons explosent et les adoptions sont en chute libre. Déjà plus de 12 000 animaux ont été recueillis depuis le début de l’été, pour une capacité d’accueil de 7 000 pensionnaires.

« On est complètement saturé », alerte Emma Goulard, salariée du refuge de Gennevilliers-Grammont, aux portes de Paris. En temps normal, l’établissement héberge quatre-vingts chiens et un peu plus d’une centaine de chats. Aujourd’hui, il en compte respectivement 111 et 186. « On essaie de libérer autant d’espace que possible, à droite à gauche, y compris dans les bureaux », poursuit la jeune femme, le souffle saccadé, en nettoyant une cage. Sur son front perlent des gouttes de sueur. « À un moment, on n’aura plus d’autre choix. Il faudra stopper les entrées… »

Hermè a été abandonné directement à la SPA par ses maîtres, en juillet 2022. © Emmanuel Clévenot/Reporterre

Dans les coulisses du refuge se joue une véritable course contre la montre. Et pour cause : quand un animal errant est retrouvé sur la voie publique, il est placé en fourrière pour un délai légal de huit jours ouvrés, afin de s’assurer qu’aucun propriétaire ne se manifeste. Une fois cette période écoulée, l’animal est considéré comme abandonné et peut être placé auprès d’associations compétentes, comme la SPA. « Comme nous sommes saturés, nous devons en refuser certains, détaille Julie Rojo, la cheffe d’équipe. La fourrière risque alors de les euthanasier pour libérer des box, afin d’accueillir les nouveaux arrivants n’ayant pas encore réalisé leur délai légal. »

Un refuge aux allures de prison

Cette accélération des abandons au cœur de l’été connaît une explication simple : « Certaines personnes redoublent d’imagination pour justifier leur choix, mais lorsqu’on creuse un peu, on comprend qu’ils sont pressés de se…

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Auteur: Emmanuel Clévenot Reporterre