« J'ai dû licencier Amadou, car la préfecture me l'a demandé » : quand l'État empêche les jeunes de s'intégrer

« Je suis sans cesse alertée par des cas de jeunes apprentis qui reçoivent des OQTF et ça me met en colère. » Une OQTF est l’« obligation à quitter le territoire français ». Patricia Hyvernat, paysanne-boulangère dans l’Ain, s’est confrontée à cette situation avec Yaya, son ancien apprenti, qui a finalement été régularisé et vole de ses propres ailes. Depuis, Patricia Hyvernat s’est engagée au sein de l’association Patron·nes solidaires et vient en aide aux employeurs confrontés à la perte d’un·e apprenti·e à la suite d’une OQTF.

Pour faire régulariser Yaya, Patricia Hyvernat en était arrivée à mener une grève de la faim. Un acte similaire à celui, plus médiatisé, du boulanger Stéphane Ravacley, confronté à la même situation avec son apprenti en 2021. Depuis, les cas de patrons confrontés à une menace d’expulsion de leurs apprentis se multiplient. Même si toutes et tous n’en arrivent pas forcément à une telle extrémité, leur détresse est grande.

« On l’a formé depuis son arrivée, et maintenant il faudrait qu’il parte ? »

Frédéric Peuillon et Mory

Le patron et son jeune salarié dans l’atelier de la boulangerie à Bourg-en-Bresse, lieu de travail de Mory depuis quatre ans.

©Frédéric Peuillon

Le parcours de Mory, 20 ans et apprenti boulanger, est emblématique. « J’ai quitté la Guinée-Conakry à l’âge de 13 ans. Ma vie était trop difficile là-bas. » Après un passage par le Mali, Mory se rend en Algérie, puis passe en Libye. Un épisode particulièrement traumatisant pour lui : « C’était l’enfer. Là-bas, on ne me considérait pas comme un être humain, mais comme un animal. On m’a frappé, traité comme un esclave. » Après quelque temps, il parvient à s’embarquer dans un bateau pour l’Europe. « On a passé un jour dans l’eau avant d’être récupérés par un bateau italien. »

En Italie, le jeune garçon se retrouve dans une petite ville.« J’allais une à deux fois par semaine à l’école, témoigne-t-il. Mais en italien, c’était un peu compliqué. Comme je parlais déjà un peu français, je leur ai dit…

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Auteur: Nils Hollenstein