« J’aimerais que mes collègues se rendent compte de la force qu’on pourrait être » – Entretien avec Arthur, ouvrier métallo

Quand j’ai expliqué à Arthur que l’objectif de cette nouvelle rubrique était d’utiliser le format d’entretien long – habituellement réservé aux experts, aux intellectuels – à des gens de notre classe sociale qui travaillent, vivent et agissent sans qu’on leur laisse la parole en dehors du format reportage/témoignage – il s’est exclamé “avec les gens qui ont les mains dans la merde, comme moi !”. Arthur n’a pas peur, sur son compte Twitter de plus en plus suivi, de raconter la peine, la flemme, l’ennui et la douleur qui peuvent survenir durant ses semaines d’ouvrier dans la métallurgie. Chaque matin, il tweete quelque mot d’encouragement pour les autres trimards, ceux qui détestent le lundi, et il conseille une chanson. Parfois il publie des photos de son travail dont il est fier (mais pas toujours), plus souvent de ses cernes (sauf peut-être le week-end). Dans cet entretien en deux parties, j’ai parlé avec lui du travail ouvrier, de sa santé négligée par la société et le patronat, mais aussi de sa conscience de classe vive, des espoirs de changement, de l’écologie et du sexisme.

Tu peux me parler de ton parcours ?

J’ai beaucoup de retard sur pas mal de monde dès le lycée car je faisais pas mal de conneries… tout en étant très bon à l’école. Ma première, j’ai dû la faire trois fois. J’avais même quitté le lycée parce que la direction m’avait mis la pression au sujet de mes fringues, car j’étais dans les délires punk-rock, redskin. Forcément, quand tu es adolescent, tu aimes bien poser ton identité mais ça ne passait pas. Ce sont mes profs d’arts et de lettres qui m’ont dit « si tu veux aller à l’école Boulle, tu peux ». J’en rêvais depuis longtemps. Ils m’ont dit de tenter ma chance. Et j’ai été pris sur dossier. Mais je ne suis pas allé au bout.

On y fait quoi, concrètement, dans cette école ?

C’est la plus grosse école d’art et d’ameublement, orientée mobilier design, bijouterie… On y trouve des gens qui vont être orientés vers le design ainsi que des artisans d’art : ébénistes, menuisiers, tapisseries, sculpteurs… moi, j’étais en conception application métal.. Je ne suis pas allé au bout de tout ça parce que depuis assez jeune j’ai des maux de têtes quotidiens et ça me pourrissait ma scolarité. Et tout ce qui était théorie et compagnie, ça m’ennuyait royalement… alors qu’en atelier j’étais plutôt très bon. 

J’ai donc très vite intégré une boîte d’un designer qui avait fait…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag