« Je montre que c'est possible ! » À la campagne, il fait tout à vélo

Aigues-Mortes (Gard), reportage

Le long de la voie verte, le vélocargo double les péniches qui filent paresseusement sur le canal. Le mistral souffle un air frais. Les cris des mouettes couvrent le vrombissement du moteur électrique. La piste débouche bientôt sur une route départementale. Les voitures se succèdent. Bien campé sur sa selle, Étienne Demur s’insère sur une étroite bande cyclable… qui disparaît bientôt. « C’est pas agréable, mais ça ne va pas durer », rassure-t-il. Quelques kilomètres plus loin, d’un coup de guidon assuré, il bifurque sur un chemin de terre, sous le regard paisible d’un cheval camarguais. « Voici mon trajet pour aller au boulot », sourit le cycliste.

Qu’il vente ou qu’il pleuve, Étienne Demur parcourt tous les jours à bicyclette les 40 kilomètres qui séparent son domicile, à Aigues-Mortes, de l’usine Royal Canin d’Aimargues, où il travaille. Un périple à travers les marais et la campagne gardoise. Et une gageure : alors que la petite reine connaît un essor en ville, elle peine encore à séduire les ruraux. Hors agglo, 8 sur 10 trajets s’effectuent toujours en auto ; à l’inverse, le cycle représente moins de 2 % des déplacements. « Convaincre qu’on peut se transporter en vélo à la campagne », c’est justement la mission que s’est donnée le trentenaire, qui aime à se présenter comme un « vélotaffeur des champs ».

Originaire d’Île-de-France, Étienne Demur s’est découvert une passion cycliste sur le tard. « J’ai déménagé dans le coin il y a deux ans, et je me suis alors fixé comme défi de tout faire à vélo », raconte-t-il. Il a commencé en VTT « musculaire », puis a opté rapidement pour une assistance électrique. « Quand je me levais à 3 heures du matin pour aller travailler et qu’il y avait du mistral, c’était dur de se motiver », justifie-t-il. Au bout de dix-huit mois, il a découvert un nid de guêpes installé dans sa voiture, inutilisée. Et l’a vendue. Depuis, il a réussi son pari : « En un an, j’ai parcouru 16 000 km en pédalant, au quotidien, mais aussi en faisant des voyages », se réjouit-il.

« L’enjeu : trouver l’itinéraire le plus sûr »

Casquette fluo vissée sur la tête et polo outdoor, Étienne Demur a plus le look d’un sportif que d’un activiste écolo : « Je ne me suis pas mis au vélo par conscience environnementale, admet-il, plutôt par goût du défi. Je voulais montrer que c’est possible. » Le militantisme est venu chemin roulant. Il est devenu, en quelques années, « un surmotivé du cyclo » et un ardent défenseur du biclou campagnard auprès des pouvoirs publics.

Après quelques zigzags entre les flaques boueuses, le chemin…

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Auteur: Lorène Lavocat Reporterre