« Je suis l'enfant d'une terre empoisonnée » : le procès historique de l'agent orange s'ouvre en France

Cet article est paru initialement dans le numéro de l’hebdomadaire Politis du 21 janvier 2021, qui consacre son dossier au procès de l’agent orange.

L’indépendance, la liberté, la justice. Toute sa vie, Tran To Nga a été guidée par ces valeurs. À 78 ans, cette Franco-Vietnamienne porte avec vigueur une histoire personnelle mêlée de bout en bout à la grande histoire, la plus tragique, celle de la guerre. « Je suis la fille du Mékong, du colonialisme et de la guerre, l’enfant d’une terre magique et empoisonnée », résume-t-elle avec poésie et sagacité dans son livre-mémoire.

Son enfance a été bercée par la guerre d’Indochine et l’engagement de ses parents dans la résistance. Son adolescence s’est construite dans un Vietnam coupé en deux, et une famille éparpillée dans le pays pour se protéger. Dans les années 1960, elle s’engage à son tour pour la libération de son peuple, de son pays, face aux États-Unis, qui utilisent tout leur arsenal militaire et scientifique pour débusquer le Vietcong dans la forêt.

Les épandages aériens des « herbicides arc-en-ciel », comme on les surnomme en référence aux couleurs des bidons, deviennent fréquents de 1962 à 1971. Tran To Nga se souvient de ce C-123 volant à basse altitude, de ce « nuage blanc qui fait tache dans le ciel bleu » et surtout de cette « pluie gluante » qui dégouline sur elle, et sa mère qui lui crie de se laver, de changer de vêtements immédiatement car c’est de l’agent orange ! « Une quinte de toux me prend. Je vais me laver. Et puis j’oublie aussitôt. Dans l’apocalypse environnante, dans les flammes de notre cher Vietnam, que peut bien représenter l’épandage d’un banal herbicide ? […] Avec cette première giboulée toxique, le mal commence à faire son nid au chaud dans mon corps. »

Deux à cinq millions de Vietnamiens exposés à cette substance cancérigène

De tous les défoliants détruisant la végétation, l’agent orange est le plus nocif à cause de la dioxine qu’il contient, polluant infiniment petit et toxique, classé comme substance cancérigène par l’Organisation mondiale de la santé,…

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Auteur: Vanina Delmas (Politis)