Je suis un algorithme local.

Les « algorithmes locaux« . Voilà le terme étrange sous lequel, depuis 2018, on désigne commodément – et pour mieux en dissoudre le sens – les processus de sélection des différents établissements d’enseignements supérieurs dans le cadre de cette machine à fabriquer de la résignation qui s’appelait initialement « APB » (Admission Post-Bac) et aujourd’hui « ParcourSup ».

Parcoursup est une saloperie et une « procédure » que je combats depuis son lancement. Je la combats en tant qu’enseignant concerné (je suis enseignant-chercheur à l’université de Nantes) et je la combats en tant que parent (un enfant concerné l’année dernière, un qui le sera l’année prochaine, le troisième devrait être sélectionné par un drone nourri à l’IA sur la base d’un prélèvement ADN non consenti au train où vont les choses).

Comme parent et comme enseignant je combats et je combattrai toujours la logique de Parcoursup pour deux raisons essentielles.

La première de ces raisons est qu’elle est, en France, la première mise sous coupe algorithmique totale des possibilités offertes (ou refusées) à toute une génération. Et qu’à ce titre elle est une habituation au forceps à se laisser gouverner, non pas par « des algorithmes », mais par des gens avec des projets politiques dissimulés derrière des algorithmes. Et cette nuance est d’importance.

C’est ce qu’explique régulièrement et brillamment Antoinette Rouvroy quant elle parle de « gouvernementalité algorithmique », par exemple lors de cette rencontre avec Le Mouton Numérique :

« c’est finalement ce désintérêt à la fois pour la singularité des vies et pour leur inscription dans des contextes collectifs [(groupe, communautés, etc.)] qui confère à ce mode de gouvernement à la fois une aura d’impartialité très grande mais aussi une très grande difficulté à contester des décisions qui sont prises sur base de détection d’opportunité ».

Et la seconde raison, plus essentielle, pour laquelle je combats et combattrai toujours cette Orwellienne orientation, est ce vers quoi tend la logique…

Auteur : olivierertzscheid
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