Orient XXI. — Tenir bon, c’est l’une de vos formules favorites en politique. Comment « tenir bon » pour un Gazaoui aujourd’hui, compte tenu de l’ampleur et de la répétition des destructions, depuis maintenant plusieurs semaines ? Compte tenu aussi de l’abandon des Gazaouis par la communauté internationale depuis des décennies.
Jean-Luc Mélenchon. — Je suis depuis longtemps marqué par le caractère abominable de la situation à Gaza. C’est pour moi un choc moral absolu. Plus de deux millions de personnes ont été enfermées dans une sorte de prison à ciel ouvert. Je ne peux y reconnaître Israël comme organisateur d’une chose pareille, au vu de l’histoire de la persécution des juifs dans le monde et des raisons présentées pour la création de son État. Gaza est aussi un symptôme terrifiant de la nécrose de ce qui est appelé « l’Occident ». L’incapacité à mettre un terme immédiatement à une abomination comme celle-là est un signe de déchéance morale pour tous ceux qui trouvent que c’est normal et laissent faire. Tenir bon, c’est seulement ne jamais oublier notre commune humanité.
O. XXI. – Depuis au moins vingt ans, depuis l’échec des accords d’Oslo, Gaza est aussi le symbole qu’Israël peut poursuivre sa politique sans en payer le prix.
J.-L. M. — En effet. Ce n’est pas nouveau. Dans le monde entier, nous faisons face au « deux poids deux mesures », selon que l’on est aligné sur les États-Unis ou non. On a constaté le refus actif des États-Unis et de leurs alliés à propos de l’invasion injustifiable de l’Ukraine par la Russie. Mais le silence est quasi général à propos des exactions de Nétanyahou. En 2008-2009 c’est l’opération « Plomb durci ». Pour moi, c’est un moment de bascule intellectuelle. Non seulement les Gazaouis étaient dans une prison, mais en outre on les y bombardait pour les punir d’une responsabilité supposée collective. Même les modérés…
La suite est à lire sur: www.legrandsoir.info
Auteur: Jean STERN, Alain GRESH