« Jean-Marie Le Pen a réussi à faire du FN le premier parti de l’électorat populaire »

Jean-Marie Le Pen a marqué durablement la vie politique de la France contemporaine en enracinant l’extrême droite au sein d’un électorat nouveau, diversifié et populaire. Ce défi n’était pourtant pas gagné d’avance. Issu d’une mouvance de droite radicale marquée par des combats d’arrière-garde (la nostalgie du régime de l’État français, l’Algérie française), élu pour la première fois en 1956 sous l’étiquette poujadiste avec le soutien des milieux les plus réactionnaires de la droite ligueuse et nationaliste qui reste alors influente à Paris, Jean-Marie Le Pen a longtemps semblé condamné à une marginalité électorale.

Le Front national, créé en 1972, est d’abord une organisation militante qui cherche à fédérer différents groupuscules plus actifs dans la rue que dans les urnes. Son impact électoral reste longtemps limité. Lors de sa première campagne présidentielle en 1974, Le Pen obtient 0,74 % des suffrages autour d’un programme marqué par un conservatisme social et culturel et par un libéralisme économique qui se défie de toute intervention de l’État. Le FN ne parvient pas davantage à percer lors des différents scrutins qui se succèdent jusqu’au début des années 1980.

Comment expliquer l’essor spectaculaire du Front national au milieu des années 1980 – un essor qui, contrairement au poujadisme des années 1950, n’est pas un feu de paille mais constitue au contraire le socle d’une progression qui se poursuit jusqu’à nos jours ?

La percée du FN

Plusieurs facteurs expliquent ce succès : l’exploitation obsessionnelle de la thématique de l’immigration, qui permet d’activer la tradition identitaire de l’extrême droite nationaliste tout en répondant à de nouveaux enjeux qui semblent liés à la politique d’immigration conduite en France depuis les « Trente Glorieuses » (l’insécurité, le chômage de masse, le déséquilibre des comptes sociaux) ;…

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Auteur: Mathias Bernard