Jeunes actifs ou retraités : qui bénéficie des fruits de la croissance ?

La dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites qui s’est tenue le mardi 28 mars a marqué un relatif reflux. 740 000 personnes ont rejoint les cortèges contre 1,08 million lors de la précédente d’après le ministère de l’Intérieur. Les leaders syndicaux ont néanmoins pu se réjouir de voir une jeunesse lycéenne et étudiante de plus en plus nombreuse à descendre dans les rues. « Ça peut nous aider à tenir », a, par exemple, confié Cyril Chabanier, le président de la CFTC au journal le Monde.

Ce projet de réforme des retraites interroge de fait les rapports entre les générations. Nous avons déjà expliqué dans un précédent article dans quelle mesure le niveau des pensions de retraite allait devenir de moins en moins généreux au fil des générations. Cela ne serait-il néanmoins qu’un élément parmi d’autres alimentant le sentiment exprimé par les plus jeunes d’être défavorisés par rapport à leurs aînés ?

En France, la croissance économique a permis une très nette amélioration du niveau de vie. Chaque génération disposait d’un niveau de vie plus élevé que la précédente. Cette dynamique serait-elle néanmoins en train de s’inverser ? Les générations nées après 1970 se sont insérées sur le marché du travail dans un contexte économique dégradé et éprouvent davantage de difficultés à se constituer un patrimoine dans un contexte de prix élevés de l’immobilier. Elles s’inquiètent aussi du coût de la transition énergétique.

Les inégalités peuvent se manifester dans de nombreux domaines : niveau de vie, patrimoine, santé, emploi, éducation… Nous nous focalisons ici sur les seules dimensions monétaires : les niveaux de vie et la détention des patrimoines. Sur ces deux sujets, le Conseil d’orientation des retraites (COR) et l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) offrent des éclairages.

Une croissance équitable dans les années 1970

Pour mesurer le niveau de vie des ménages, l’Insee calcule pour chaque ménage un revenu disponible qui tient compte de l’ensemble des revenus (salaire et revenus du capital), des prestations sociales (retraite, chômage, aides au logement, prestations familiales, revenu de solidarité active, prime d’activité…) mais aussi des impôts versés. Ce revenu disponible est ensuite rapporté au nombre d’unités de consommation du ménage. Le calcul du niveau…

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Auteur: Henri Martin, Economie, systèmes de retraite, protection sociale, inégalités, Université de Lille