Jeux d'enfants et jeux d'adultes

Le 13 novembre dernier, un attentat à la bombe faisait 6 morts sur l’avenue Istiklal, dans le centre touristique d’Istanbul. Immédiatement, Ankara pointait la responsabilité du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Forces Démocratiques Syriennes (FDS). Dans la nuit, une jeune femme était interpellée et passait aux aveux quelques heures plus tard. De nombreux spécialistes de la région et du conflit ont dénoncé cet événement dramatique comme étant une manipulation grossière du régime Erdogan pour justifier une offensive sur le nord-est kurde de la Syrie. Force est de constater que l’attentat en question aura bien servi de justification à un nouveau coup de force d’Ankara, en l’occurrence le bombardement du Rojava. C’est depuis cette zone kurde qui revendique son autonomie et son autodétermination que nous écrit Diego del Norte, il raconte la vie quotidienne qui persiste et s’entête, malgré les bombes et la crainte toujours plus vive d’une offensive terrestre.

Il est 7h45 en ce lundi matin, désormais à cette heure il fait frisquet mais, si le soleil est de sortie ce qui est souvent, trop souvent, le cas, en milieu de journée, cela se réchauffe encore pas mal. Je fais ce trajet de quinze minutes à pied depuis quelques semaines, longeant la périphérie de cette petite ville où la précarité saute parfois aux yeux, tout en côtoyant des bâtisses un brin plus cossues. Le béton y est malheureusement roi incontesté, les squelettes de futurs immeubles parsemant le paysage sans égards pour les considérations esthétiques. En ce jour lumineux, les montagnes du côté turc siègent majestueusement à l’horizon telle une inaccessible invitation. Je zigzague entre quelques vieux tracteurs, fratries de poules et colonnes d’oies, dans un décor bariolé qui ferait l’affaire pour un film de Kusturica. Les frontières entre villes et campagne sont floues en ces zones de bordure urbaine.

Je me rends à ce qui constitue, depuis peu, mon lieu de ‘travail’ : un grand bâtiment crème, en état peu reluisant, ancienne école secondaire du régime syrien, abritant aujourd’hui l’administration scolaire bilingue (arabe/kurde) des 87 écoles de la petite cité et des nombreux villages environnants. En cette matinée, il règne, en chemin, un calme digne d’un vendredi (qui fait, ici, office de journée dominicale) qui me fait réaliser que je trouverai probablement porte close. C’est que ce lundi n’est pas un lundi comme les autres. Le deuil et le recueillement sont de mise. Deux soirs auparavant les bombes turques ont semé la…

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Auteur: lundimatin