John Kerry : « Négocier l'american way of life ? C'est une fausse question »

Dans la bibliothèque feutrée de l’ambassade des États-Unis à Paris, John Kerry, l’envoyé spécial pour le climat du président étasunien Joe Biden, a répondu le 24 mars aux questions de Reporterre sur la politique des Etats-Unis contre le changement climatique.

Reporterre — La guerre contre l’Ukraine pourrait-elle compromettre nos ambitions de lutte contre le changement climatique ?

John Kerry — C’est un réel défi. J’espère que la guerre ne ralentira pas nos efforts, mais plutôt les accélérera. L’urgence est de ne plus être prisonnier du gaz de Vladimir Poutine. C’est primordial, pour vous, en Europe. Nous étions très clairement opposés au gazoduc Nord Stream 2 [entre la Russie et l’Allemagne], parce que nous savions que la dépendance pouvait se retourner contre vous. C’est exactement ce qui se passe. La vraie sécurité énergétique ne peut provenir qu’avec de l’énergie produite sur son propre sol. En Europe, vous pouvez partager votre énergie sur différents axes. Je pense qu’il est important d’utiliser les capacités régionales pour équilibrer le réseau. Mais c’est un vrai défi, car les chaînes d’approvisionnement et les économies ont déjà été affectées.

Au cours de l’année passée, le nombre de nouveaux forages pétroliers et gaziers a énormément augmenté aux États-Unis. Comment inverser cette tendance ?

Nous avons commencé à mettre en œuvre notre plan pour inverser cette tendance, puis la guerre a débuté. Le problème est que nous devons compenser ce qui vient de Russie. J’ai été clair : quoi que nous fassions avec le gaz, le pétrole ou le charbon en Europe ou ailleurs, cela doit permettre de réduire les émissions. Si vous échangez du charbon par du gaz, vous obtenez immédiatement une réduction de 50 %.

Les scientifiques sont explicites : entre aujourd’hui et 2030, nous devons réduire nos émissions de 45 %. Si nous continuons à utiliser ces sources d’énergie, il faudra ensuite capturer les émissions de carbone. Sinon, nous n’atteindrons pas nos objectifs à long terme. 

« Nous essayons de devenir aussi “carbone efficace” que possible. » © Mathieu Génon/Reporterre

Pensez-vous réellement que la capture du carbone soit une option ?

C’est une réelle option. En Californie, j’ai vu de jeunes entreprises qui inventent de nouvelles technologies. Je pense que les choses vont se développer très rapidement. Est-ce plus cher ? Oui, sûrement. Mais nous devons prévoir le financement adéquat pour construire les…

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Auteur: Mathieu Génon, Violaine Colmet Daâge Reporterre