Alexandre-Reza Kokabi est journaliste à Reporterre depuis 2018. Il avait auparavant collaboré avec Mediapart, Le Monde, Ouest-France, Le Quotidien de la Réunion, So Foot, Basta Mag et Fumigène.
Journaliste, j’ai passé dix heures en garde à vue dans l’exercice de mon métier. Un représentant de l’État a prononcé à mon encontre une amende de 750 euros, m’accusant de « manquement à la sûreté aéroportuaire ». Je dénonce, avec Reporterre, une atteinte grave à la liberté d’informer.
Le 26 juin 2020, j’ai couvert une action de désobéissance civile organisée par le mouvement écologiste Extinction Rebellion. Vingt-huit activistes ont pénétré sur les pistes de l’aéroport d’Orly, le jour de sa réouverture post-confinement, demandant l’interdiction immédiate de tous les vols intérieurs « pour lutter contre le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité ».
Le blocage des avions s’est déroulé au son du vrombissement des moteurs et des effluves de kérosène. © JB Meybeck/Reporterre
Quand je suis entré sur les pistes, dans le sillage des activistes, un avion Air Corsica était immobilisé. Les militants se dressaient devant le géant des airs pour l’empêcher de décoller. Certains s’enchaînaient à des vélos, des antivols autour du cou. D’autres scandaient « Moins d’avions, plus d’oignons ! ». Tous étaient à visage découvert. Visages juvéniles, parfois inquiets, toujours opiniâtres.
Je me souviens du vrombissement du moteur et de l’odeur du kérosène qui imprégnait l’air. De mes jambes qui flageolaient. Du moment où j’ai retrouvé l’équilibre en sentant mon carnet de notes dans ma main, et mon appareil photo contre mon plexus. Allez, au boulot.
Sortir mon stylo. Prêter mes yeux et mes oreilles aux lectrices et aux lecteurs de Reporterre. Décrire la scène. Interroger les activistes. Comprendre les raisons pour lesquelles ils prennent ces risques. Tournesol — les activistes préfèrent parfois utiliser des noms d’emprunt — m’a raconté être là pour son enfant, parce qu’« un mur nous arrive en pleine gueule, on est dans le Titanic et on continue de jouer de la musique. Nous, on vient porter les canots de sauvetage. L’avion, c’est une partie importante de l’iceberg ».
Pour ces activistes, l’effondrement écologique est si grave que « nous devrions tous être devant un avion ». © JB Meybeck/Reporterre
Pendant que le dispositif de maintien de l’ordre se resserrait autour du groupe, Élicha m’a confié que…
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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre) Reporterre