Journée internationale des droits des femmes et marketing, des opérations particulièrement risquées

Il y a exactement 10 ans, le quotidien Libération posait la question : « Journée de la femme, journée de la pouffe ? ». À l’époque, la seconde partie du titre semblait osée ; aujourd’hui, la première partie pourrait aussi agacer tant la dénomination de cette date clé est l’objet de nombreuses crispations.

« Je respire un grand coup à chaque fois que je lis ou entends “la journée de la femme” » s’agace, par exemple, la « working Mom » qui anime le blog Egalimère. Pas « journée de la femme » mais « journée internationale des droits des femmes ». Sur Twitter, des affiches correctives au ton corsé ridiculisent ostensiblement des opérations marketing qui se trompent de nom.

Certes, en France, l’appellation officielle a varié depuis qu’elle a été instaurée en 1982 par Yvette Roudy, ministre des Droits de la femme, appuyée par le président de la République François Mitterrand. En 2023, ce qui est institué, c’est bien la « journée internationale des droits des femmes ». Les Belges et les Québécois ont d’ailleurs fait le même choix sémantique.

Comment comprendre alors la cacophonie sémantique qui peut attirer les foudres des clients sur certaines marques ? Elle semble tenir à quatre explications principales.

Soviétique et commerciale ?

La première est affaire de traduction. Le Women’s day, littéralement « le jour des femmes », a été instauré par l’Organisation des Nations unies (ONU) en 1975 (et voté en 1977). Pour appuyer ses recommandations, l’ONU a publié un rapport dont le titre français proposait déjà une autre variante : « l’année internationale de la femme ».

Une deuxième tient à la variété des origines historiques qui lui sont associées. Tantôt socialiste américaine, tantôt soviétique, l’origine du choix de la date du 8 mars fait encore débat. Dans ses travaux, Françoise Picq, maître de conférences émérite en sciences politiques à l’Université Paris-Dauphine, par ailleurs militante féministe du Mouvement de libération des femmes, explique que le 8 mars est au départ « une fête des mères communiste et antiféministe » puisque les féministes de l’époque sont bourgeoises.

Selon elle, une complexité calendaire est venue corser le tout. Les premières manifestations de femmes à Saint-Pétersbourg, en mars 1917, ont…

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Auteur: Alice Riou, Professeur Associé – Marketing et Innovation, EM Lyon Business School