Jugé par les siens

On croirait une dissonance cognitive. Depuis lundi 6 novembre, Éric-Dupond-Moretti, ministre de la Justice, comparaît devant la Cour de justice de la République (CJR). Prévenu mais toujours ministre :une première en France sous la Ve République, et pas des plus glorieuses. Car cet état de fait produit une mécanique perverse : quelle que soit l’issue de ce procès, la décision restera entachée.

D’abord, de la proximité hiérarchique qui lie le « prévenu ministre » à une grande partie des vingt-deux témoins clés de ce procès, « dont la carrière dépend de celui-là même que vous devez juger », a reconnu le procureur général près la Cour de cassation, Rémy Heitz, principal accusateur du ministre. Ensuite, des éventuels calculs politiques des douze députés et sénateurs qui forment les juges de la CJR aux côtés de trois magistrats professionnels. Deux sont de gauche, trois de droite, cinq sont issus de la majorité et un de l’extrême droite. Tous se positionnent régulièrement en opposition ou en soutien du ministre dans les assemblées.


Sur le même sujet : Docteur Dupond et Mister Moretti

À l’ouverture, lundi 6 novembre, Rémy Heitz a tenté d’appeler à « nous élever avec le souci de la neutralité, de l’objectivité, en un mot de l’impartialité ». Soit l’inverse des agissements supposés du ministre : celui qui est censé être le garant de ces valeurs est aujourd’hui accusé d’avoir utilisé ses prérogatives ministérielles pour régler ses comptes d’avocat en lançant des enquêtes disciplinaires contre quatre magistrats avec qui il avait eu maille à partir. Un délit de prise illégale d’intérêts puni de cinq ans de prison et 500 000 euros d’amende, plus une peine d’inéligibilité et…

La suite est à lire sur: www.politis.fr
Auteur: Nadia Sweeny