Jules Durand : un martyr du syndicalisme ouvrier — Bernard GENSANE

Fabrice Drouelle a consacré récemment sur France Inter une heure à Jules Durand, héros malheureux du syndicalisme ouvrier dans son émission “ Affaires sensibles ”.

J’avoue que l’histoire dramatique de ce remarquable militant ouvrier m’avait complètement échappé. C’est à cela que peut servir la radio du service public : nous faire connaître ou nous remémorer l’essentiel.

Né le 6 septembre 1880 au Havre et mort à l’asile psychiatrique de Sotteville-lès-Rouen le 20 février 1926, le syndicaliste libertaire Jules Durand fut victime d’une terrible erreur judiciaire, au point qu’on a pu parler de l’« affaire Dreyfus du pauvre ».

Durand était le responsable du syndicat des charbonniers, c’est-à-dire des dockers qui chargeaient ou déchargeaient les sacs de charbon des cargos qui mouillaient au Havre. Une activité aussi importante que stratégique à l’époque. Il était également membre de la Ligue des Droits de l’Homme et militant antialcoolique, ce qui le rendait dangereux aux yeux de son employeur qui avait l’habitude de payer les dockers en jetons qu’ils devaient échanger auprès des tenanciers de cafés qui leur imposaient des consommations pour un minimum de 10 % avant de consentir à verser leur salaire.

En 1910, il anime une grève illimitée contre l’extension du machinisme. Il est alors accusé d’être le « responsable moral » (sic) de l’assassinat d’un chef d’équipe non gréviste. Durand est condamné à mort mais, suite à une importante mobilisation, il voit sa peine commuée en sept années de réclusion. Il est gracié partiellement et libéré en février 1911. La cour de cassation l’innocente en 1918. Brisé, il meurt en 1926 en hôpital psychiatrique.

À la mi-août 1910, le syndicat des ouvriers charbonniers du Havre lance une grève illimitée « contre l’extension du machinisme, contre la vie chère, pour une hausse des salaires et le paiement des heures supplémentaires ». Pour combattre ce mouvement de grève, les compagnies portuaires et maritimes havraises décident d’embaucher des hommes qu’elles paient trois fois plus cher que la normale.

Le 9 septembre…

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Auteur: Bernard GENSANE Le grand soir