Julian Assange et le Goulag, dans le pays le plus libre du monde — Luk VERVAET

Pour beaucoup, ce fut un choc : existe-t-il des prisons où l’incarcération mène à la mort et au suicide ? D’autres encore ont entendu les mots ADX, supermax et SAM pour la première fois. Pas étonnant quand on sait que ces mots et ce qui se cache derrière ne sont pas ou peu connus, même aux États-UnisÀ partir de quelques chiffres sur le nombre de détenus, les types de prisons et les niveaux de sécurité, commençons par la première caractéristique du Goulag américain : son caractère de masse historiquement inédit. Pour ensuite pénétrer sa face la plus cachée, celle de la supermax et des SAM.

Vol au-dessus d’un archipel carcéral

Qu’est-ce que Nils Christie appelle « le goulag américain » ? (2) Qu’est-ce que Loïc Wacquant appelle « la folie carcérale américaine d’une ampleur et d’une durée sans précédent dans l’histoire de l’humanité » ? (3) Qu’est-ce que le « Golden Gulag », le titre du livre mondialement connu de Ruth Gilmore, dans lequel elle analyse l’État américain de Californie où au cours des dernières décennies, des prisons ont été construites sur une longueur de 900 miles, près de 1500 km de béton et d’acier ! (4)

Au cours des dernières décennies, la population carcérale américaine a augmenté de façon explosive, de 500 % en 40 ans. Aujourd’hui, 2 300 000 personnes sont derrière les barreaux. (5) Cela signifie que pour 100 000 personnes il y en a 710 en prison. Le chiffre de 710 est une moyenne : pour la population noire c’est 1 408 personnes sur 100 000, pour les Latinos c’est 378 sur 100 000 et pour les blancs c’est 275 sur 100 000. Les Noirs sont incarcérés 5 fois plus que les Blancs.Quelque 274 000 détenus dans les prisons d’État et fédérales sont âgés de 50 ans ou plus.Quarante pour cent de la population carcérale souffre de problèmes de santé (chroniques).Environ 2 500 détenus attendent d’être exécutés dans le couloir de la mort (death row).Le nombre de personnes condamnées à perpétuité sans aucune chance d’être libérées (without parole) est passé de 12 000 en 1992 à plus de 53 000 aujourd’hui.

Au cours de la seule année 2019, 700 détenus se sont suicidés dans des prisons locales, étatiques ou fédérales. En 20 ans – de 2000 à 2019 – 6 200 détenus se sont suicidés dans les prisons locales. Au cours de la même période, 4 500 détenus se sont suicidés dans les prisons d’État et fédérales, soit une augmentation de 83 % en vingt ans. « Les prisons d’État deviennent de plus en plus des lieux…

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Auteur: Luk VERVAET Le grand soir