Julien Le Guet, l'homme qui fait trembler les mégabassines

Dans les forêts du Morvan, dans le marais poitevin, à l’Assemblée nationale… Reporterre met en avant cinq personnalités qui ont fait 2022.


Julien Le Guet, l’un des premiers « écoterroristes » de France ? « Il ne faut pas mettre ça en titre ! », s’amuse le porte-parole du collectif Bassines non merci. On doit ce terme à Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, qui entendait ainsi criminaliser les opposants aux projets de bassines dans les Deux-Sèvres.

En guise de criminel, c’est un homme chaleureux que Reporterre a rencontré alors qu’il était de passage à Paris. Un rendez-vous bref. Son téléphone n’arrête pas de sonner. Preuve de l’importance que la lutte contre les mégabassines, ces énormes réserves d’eau dédiées à l’agro-industrie, a pris en France. Preuve aussi de l’efficacité d’un militant qui allie amour sincère d’un territoire menacé, le marais poitevin, art du bon mot — « no bassaran ! » hurle-t-il au micro lors des manifs — et radicalité dans la lutte.

En ce moment, il fait le tour des médias, organise des conférences de presse et emmène les journalistes dans sa barque à la découverte des marécages du Poitou. Le tout pour faire passer son message : il s’agit d’une lutte pour le partage d’un bien commun, l’eau.

« Nous essayons de faire comprendre que ce n’est pas seulement un dossier charentais mais une affaire au retentissement national. » Mission accomplie : France 3 a diffusé début décembre un portrait du militant, « Julien, le marais et la libellule », et les mégabassines font parler d’elles jusqu’aux États-Unis, dans les colonnes du New York Times.

« Ils sont en train de nous préparer la même chose qu’à Bure »

La veille de notre rencontre, l’infatigable militant était devant le tribunal de Niort pour soutenir les cinq participants à la manifestation contre la bassine de Sainte-Soline, condamnés à des peines de prison avec sursis. « Je suis préoccupé par les copains qui commencent à subir la répression. Et ce n’est que le début. Ils sont en train de nous préparer la même chose qu’à Bure », soupire Julien Le Guet, en référence aux procès et à la surveillance subie par les militants antinucléaires de la Meuse.

Lui a déjà vécu une garde à vue, une perquisition à son domicile, ainsi que quatre ou cinq auditions libres à la gendarmerie. « Qu’est-ce que je vais gagner à la dixième ? » sourit-il, laissant apparaître ses dents du bonheur. « Je suis conscient des risques auxquels je m’expose, que ce soit en termes judiciaires ou de mesures de rétorsion. Mais c’est le jeu », poursuit l’homme de 45 ans.

Né en Picardie, le petit Julien, fils d’instituteurs, a…

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Auteur: Laury-Anne Cholez Reporterre