Justin Trudeau, le dirigeant canadien, promet l'écologie… en soutenant à fond l'industrie pétrolière

Montréal (Canada), correspondance

« Le problème principal du gouvernement Trudeau, c’est d’avoir été trop conciliant envers le lobby pétrolier et gazier, voire tout à fait influencé par lui », résume Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada. Que le règne du Premier ministre Justin Trudeau prenne ou non fin lors des élections fédérales canadiennes du 20 septembre, l’oléoduc Trans Mountain en restera assurément un symbole.

Revenons à mai 2018 : la compagnie Kinder Morgan était alors dans une situation inconfortable. Propriétaire de cet oléoduc reliant la région pétrolière de l’Alberta à l’océan Pacifique, elle entendait tripler sa capacité en construisant un second tuyau, parallèle au premier. C’était sans compter la farouche opposition de communautés autochtones et du gouvernement de Colombie-Britannique, province que l’oléoduc traverse. Kinder Morgan était tout près de jeter l’éponge lorsqu’un acteur inattendu entra en scène : le gouvernement fédéral de Justin Trudeau. Qui décida d’acheter l’oléoduc pour 4,5 milliards de dollars canadiens (3 milliards d’euros). Objectif : mener à terme le projet d’expansion, qui devrait coûter 12,6 milliards de dollars (8,4 milliards d’euros) supplémentaires aux contribuables canadiens d’ici à sa mise en service en 2022 ou 2023.

Justin Trudeau assure que « le gouvernement investira chaque dollar généré par le projet Trans Mountain dans la transition écologique du Canada ». Flickr / CC BY-NC-ND 2.0 / Government of Alberta

Les conséquences du projet Trans Mountain seront majeures : il permettra à l’industrie des sables bitumineux de continuer à prospérer — et donc à polluer. Mercredi 8 septembre, une étude publiée dans la revue Nature estimait que le Canada devait renoncer à exploiter 84 % du pétrole contenu dans ses sables bitumineux pour se donner 50 % de chances de respecter la cible de l’Accord de Paris — soit une hausse de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Cela n’arrivera pas.

Justin Trudeau se défend en disant que « le gouvernement investira chaque dollar généré par ce projet dans la transition écologique du Canada ». Un argument maintes fois répété depuis son arrivée au pouvoir en 2015 : il faut d’abord polluer pour générer des revenus, afin de financer l’avènement d’un Canada plus vert. Le résultat, après six ans au pouvoir du Parti libéral ? Le Canada est le seul pays du G7 à avoir augmenté ses émissions de…

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Auteur: Rémy Bourdillon Reporterre