Kafka ou la voix de la destitution

J.D.D. : Luca Salza, tu es professeur d’italien à l’université et tu as une formation en philosophie. Tes premiers livres ont une empreinte fortement italienne, qui témoigne d’un attachement à tes origines et à la tradition littéraire. Tu as écrit notamment sur Giordano Bruno, Lucrèce, un livre sur Naples à l’époque du Baroque et des Lumières, ta ville natale. Mais depuis quelque temps tu sembles déserter un peu ton champ disciplinaire, et te pencher sur l’actualité. Après un livre politique, La fin du monde, paru en italien et en français, tu viens de diriger un livre sur Kafka. Ce livre Kafka, out of joint découle directement des articles de la revue trans-européenne K que tu as créée avec Pierandrea Amato. Peux-tu nous dire deux mots de cette revue ?L.S. : La revue K est une revue électronique intégralement en libre accès et de type monographique. Elle s’articule autour d’une figure littéraire (Antigone, Médée, Pinocchio) ou d’un personnage historique (Kafka, Spartacus, Marilyn Monroe, Giordano Bruno, Lucrèce, Rosa Parks, Malevitch, Chaplin). Pour nous il s’agit dans tous les cas de « personnages conceptuels ». On reprend cette notion de Deleuze et Guattari. Les philosophes (on peut penser au Socrate de Platon, au Momus d’Alberti…), les écrivains (on peut penser au Bartleby de Melville, au colonel Chabert de Balzac…) créent ces personnages pour faire avancer leurs propres idées. Nous abordons ces divers personnages comme le devenir ou les sujets d’une question théorique. Cette question est le fondement philosophique de la revue. C’est la question de la destitution. Les numéros sur Antigone ou Kafka, dans cette optique, sont l’expression du même questionnement : nous travaillons sur les pièces de théâtre qui d’Euripide jusqu’à Brecht traitent d’Antigone ou sur la vie et l’expérience d’écriture de Kafka, car nous voulons parler, à travers eux, du « pouvoir destituant »….

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Auteur: dev