Kaldûn, le chant des trois révoltes

© Christophe Raynaud de Lage

Parfois, l’histoire fait converger les drames. Le XIXᵉ siècle fut ainsi le théâtre de nombre de ces chevauchements tragiques où certains peuples se retrouvent à malheurs liés. Abdelwaheb Sefsaf, homme de théâtre — il est désormais le directeur du Centre dramatique national (CDN) de Sartrouville —, comédien et musicien, explore en près de trois heures l’un de ces enchevêtrements en proposant un flamboyant spectacle mêlant l’adresse au public, la parole et l’écoute, la musique et la danse. On passe du monologue ironique au dialogue, du rapport de force à l’amitié, de la danse et du mouvement fluide au recueillement.

Début mars 1871 en Algérie, alors partie intégrante du territoire français, les tribus de Kabylie et de l’est du pays prennent les armes contre l’autorité coloniale. Deux frères, membres du clan illustre des El-Mokrani, mènent la révolte. Mohammed El-Hadj et Bou-Mezrag entendent mettre fin à la spoliation de leurs terres. Passées les premières victoires, ce moment d’incandescence se termine par une défaite. Les vaincus sont exécutés ou déportés. D’abord en France puis en Nouvelle-Calédonie. C’est durant cette relégation en plusieurs étapes qu’ils croisent d’autres frères en déroute. Il s’agit des communards, rescapés des tueries de la « semaine sanglante » à Paris (mai 1871) et des exécutions sommaires dirigées par le marquis Gaston de Galliffet, militaire de carrière qui, ce n’est pas un hasard, s’illustra d’abord lors des campagnes de « pacification » en Algérie.

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© Christophe Raynaud de Lage

Compagnons de galère, kabyles et communards se retrouvent donc sur Le Caillou et les îles avoisinantes. L’ordre colonial et l’injustice y règnent, aussi forts et prégnants qu’au pays. Cette rencontre improbable est au cœur de Kaldûn, nom de l’un des protagonistes du…

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Auteur: Akram Belkaïd