Un an après les révoltes en Kanaky contre la réforme du corps électoral, dont la répression a rappelé au monde entier que la France était toujours un État colonial, la question de la lutte du peuple Kanak pour son autodétermination est toujours aussi cruciale.
Le 13 avril dernier, une mobilisation historique pour la Kanaky s’est tenue dans les rues de Nouméa : près de 80 000 personnes, pour un territoire de 270 000 habitants, ont marché à l’appel de la Cellule de Coordination des Actions de Terrain (CCAT) pour s’opposer au vote par Paris du dégel du corps électoral. Depuis plusieurs mois, les militants indépendantistes des différentes organisations ont multiplié les manifestations et les blocages contre la tentative de passage en force de cette réforme promue par le président de la République et le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin. Une mobilisation inédite qui s’est peu à peu radicalisée et qui a été ponctuée par treize jours de révoltes de la jeunesse Kanak.
Le dégel du corps électoral spécifique aux élections des Assemblées de province et au Congrès (LESP) en l’élargissant de près de 15% (soit l’équivalent de ce que serait l’ajout de 7 millions d’électeurs, du jour au lendemain, au corps électoral français), vient compléter le report des élections provinciales à décembre 2024. L’État français cherche ainsi à acter sur le plan électoral et politique la colonisation de peuplement qui s’est accrue au cours des dernières décennies, minorant le peuple autochtone de l’Archipel dans son propre pays. En ouvrant le corps électoral à tous les natifs et aux personnes ayant au moins dix ans de résidence en Nouvelle-Calédonie la réforme fait pencher la balance en faveur du « non » à l’indépendance. L’objectif que poursuit l’État français avec cette nouvelle loi est donc clair : liquider le poids politique des indépendantistes qui ont conquis une majeure partie des…
Auteur: Julien Anchaing Gabriel Ichen