En 2023, nous réunissions les écrivains Kaoutar Harchi et Joseph Andras pour un échange croisé. De cette rencontre est né un ouvrage prolongeant la réflexion amorcée : Littérature & Révolution, publié aux éditions Divergences. Récemment traduit, il vient de paraître en Grèce. À cette occasion, les auteurs ont répondu aux questions de Kostas Stoforos, écrivain et traducteur. Frustration publie aujourd’hui la version française de cet entretien, profondément ancré dans l’actualité. Au fil de leur dialogue, les deux écrivains abordent des thématiques majeures, telles que la colonisation en Palestine et ailleurs, l’élection de Donald Trump, la place de l’argent, mais aussi les figures de Léon Trotsky et d’Edward Saïd. Ils évoquent également, sans détour, leurs conditions d’écriture et de vie.
La vie bonne ou la barbarie
Depuis la publication de votre livre, Littérature et révolution, il y a eu de nombreux développements au niveau international. Quel est, pour chacun d’entre vous, celui qui importe le plus à vos yeux ?
Kaoutar Harchi : Il s’est passé du temps et des choses. Ça veut dire que des personnes sont mortes. En disant ça, je pense notamment à la Palestine, au 7 octobre, à tous les jours d’avant et à tous ceux d’après, jusqu’à maintenant. Ça reste pour moi une situation insondable. Nous savons beaucoup. Les Palestiniens nous informent comme ils peuvent de l’ampleur de la famine, des maladies, des bombardements, des meurtres ciblés, des démolitions de maisons, de routes, d’écoles, d’hôpitaux. Ils parlent des emprisonnements, de la torture, des drones qui rôdent. Ça vient de partout, de Gaza bien sûr mais il ne faut pas oublier la Cisjordanie occupée. Israël, lui, ne l’oublie pas : bien au contraire. Depuis 1967 et le développement des politiques d’annexion, la violence n’a jamais été si totale. Elle a atteint son acmé il y a peu, vers la fin de l’année 2024….
Auteur: Rédaction