Kéziah, militant antichlordécone, tabassé par les forces de l'ordre puis accusé de violences

Le crâne fracassé, un œil crevé, le corps tuméfié : le 16 juillet dernier, Kéziah Nuissier, un militant antichlordécone, a été roué de coups de matraque et injurié à Fort-de-France, en Martinique, par des gendarmes mobiles et un policier. C’est pourtant lui qui comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France pour des faits « de violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique ». Son « tort » ? Avoir cherché à protéger sa mère, frappée par un militaire au cours d’une manifestation contre la répression du mouvement anti-chlordécone.

L’enquête de Reporterre révèle que des gendarmes et un policier ont menti dans leurs dépositions relatives à cette interpellation. Ils ont inventé des coups de poing envoyés par Kéziah à un adjudant-chef. « Cette affaire est un festival de monstruosités. Ce dossier se noie dans l’illégalité. Et au milieu de tout cela, il y a un jeune joueur de tambour, qui a commencé son militantisme par amour pour la Martinique », observe Me Eddy Arneton, l’avocat de Kéziah.

Kéziah Nuissier, 21 ans au moment des faits, était étudiant à l’université de Fort-de-France, en troisième année de licence d’anglais. Il travaillait à mi-temps dans une école primaire et dans un collège, où il donnait des cours de musique. Le jeune homme — tambourineur spécialiste du bèlè, une musique traditionnelle martiniquaise, et percussionniste — se plaît à transmettre son savoir.

Le musicien jouit d’une réputation d’« ambianceur » dans les mouvements sociaux contre le chlordécone, un pesticide très toxique. Il a été utilisé massivement dans les bananeraies en Guadeloupe et en Martinique à partir de 1972 et pendant plus de vingt ans pour lutter contre le charançon de la banane, un insecte qui détruisait les cultures. La quasi-totalité des habitants des Antilles, des sols et de l’eau sont contaminés pour des siècles. La molécule…

Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre) Reporterre
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