Know what I mean ?

« Halte aux critiques

Systématiques

De personnes non qualifiées

Qui se donnent

Le droit de juger. »

« Authentik », Supreme NTM, 1991

Est-ce parce que le rap rapporte des millions qu’on continue d’attendre de ses acteurs un certificat d’authenticité comme on en attendrait d’une paire de Nike ou d’un Soulages ? Certainement pas. Alors plutôt que de se perdre en conjectures nébuleuses, voici un extrait de Know what I Mean, traduction par les éditions BPM d’un essai (préfacé par Jay-Z et postfacé par Nas) de Michael Eric Dyson, universitaire méconnu en France (hormis un trop confidentiel ouvrage collectif sur Nas édité par la Rumeur). Dans cet entretien avec Meta DuEwa Jones, Il sera question de prostituée omnisexuelle, de Tupac et de mythopoétique. En deux mots, de street cred.

Pour pas mal d’anciens – et pour certains jeunes aussi – les artistes hip-hop ne sont que des jiggaboos des temps modernes qui jouent sur les représentations stéréotypées de la culture populaire noire. Leur art ne serait qu’une expression pathologique de l’intériorisation de l’idéologie suprémaciste blanche par les Noirs. Bien sûr, les artistes obsédés par la sainte trinité du rap contemporain – femmes soumises, alcool et bling-bling – ne nous facilitent pas la tâche pour tenter de prouver le contraire. Mais dans l’esprit de leurs aînés, les rappeurs n’ont rien d’authentiques et ne sont que le reflet des clichés négatifs que la culture dominante a collé sur la population noire. En fin de compte, l’ensemble de ces clivages – l’underground contre le commercial, les bourgeois contre les pauvres et les vieux contre les jeunes – concerne une seule et même préoccupation. Il est toujours question de savoir ce qui est réellement considéré comme noir, ce qui est considéré comme le meilleur de notre noirceur et quelle est la forme la plus authentique de l’identité noire.

Jones : Tu utilises régulièrement les termes d’« afristocratie » et de « ghettocratie » pour définir les clivages entre classes sociales. Peux-tu nous expliquer comment fonctionnent les marqueurs de classe dans le hip-hop, comment ils sont perçus et quelle est leur réalité ?

Dyson : Au-delà de la réalité de la lutte des classes, la glorification du ghetto repose sur la représentation symbolique des personnes socialement et économiquement vulnérables. Dans le hip-hop, un certain protocole narratif rend hommage au ghetto. Cela évoque d’ailleurs une autre politique de l’authenticité qui dit : « Haha ! Ces gars-là font vraiment semblant, en…

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Auteur: lundimatin