Kundera et le Nobel : la plaisanterie qui n’en finit pas

Âgé de 91 ans, Milan Kundera pourrait bien rejoindre Virginia Woolf, James Joyce et Philip Roth au palmarès des grands ignorés du Nobel. Un échec prestigieux mais un peu frustrant, du moins pour ses admirateurs.

Caramba, encore raté. Cette année encore, Milan Kundera est non-récipiendaire du prix Nobel de littérature. Pourtant en septembre, les jurés du prix Franz-Kafka l’avaient récompensé et, dans le même temps, avaient soumis sa candidature pour la suprême récompense suédoise. En vain. La poétesse américaine Louise Glück lui est préférée.

Si le Nobel coince, le prix Franz-Kafka semble aller comme un gant à l’auteur de La Plaisanterie, à tel point qu’il semble étrange d’avoir attendu si longtemps pour le lui décerner. Parlant de Kafka, Kundera pense qu’on oublie l’aspect plaisant de son œuvre, il estime « qu’il n’est pas un auteur sincèrement aimé ». Des propos qu’il a tenu plusieurs fois, notamment dans l’émission Apostrophes de Bernard Pivot en 1984, durant laquelle il critiqua vertement l’effet de mode entourant l’auteur de La Métamorphose : « Kafka est absolument victime de l’armée des snobs qui l’ont pillé et détruit ». Dans la foulée, il s’en prit plus généralement au public cultivé : « Je crois qu’ils ont un peu peur de Kafka ». En fait, Kundera semble lui-aussi inspirer un mélange de peur et de fascination aux lettrés, snobs ou non. À contre-courant de son époque, amoureux d’une culture occidentale qu’il estime en voie de disparition, défenseur du récit romanesque, homme méfiant voire farouche – il serait connu pour ne pas répondre au téléphone – Milan Kundera a toujours refusé l’idée d’engagement politique, ne s’est jamais reconnu dissident malgré la déchéance de sa nationalité tchécoslovaque après le Printemps de Prague.

Autant dire que sa personnalité ne constitue pas un très bon outil marketing, ce qui n’est pas sans…

Auteur: Pierre Bonnay
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