L E . F E U

On disait qu’au départ de tout ce qui arrive, il y a un feu. Un feu qu’on offre
ou un feu qui s’offre.
Un qui vous tombe sur le coin de la gueule aussi bien.

Pour réchauffer une chair transie ou accommoder celle qu’on a prise, un feu ; pour éclairer le temps qu’on dérobe à la nuit
. . . . . . . . nos veilles industrieuses et le récit des mondes de demain, un feu ;
. . . . . . . . . . . . . . . . .pour sceller l’accord, pour signaler l’adversaire, un feu.

Pierre-Marie Jamart · L E . F E U // collectif U.N.D.E.R.W.E.A.R ft. piermari jamar

Des foyers . . . . . . . . . des brasiers . . . . . . . . des torches . . . . . . . . des brûlis
. . . . . . pour forger les lames et souder les lèvres de nos plaies
. . . . . . pour purifier le carbone qu’on renvoie aux cieux
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . quand la folie nous emporte
. . . . . . pour danser sinon avec les flammes éprises . . . . de courants d’air
. . . . . . . . . . . . — et ce serait là notre place.

On pensait que pour appréhender une situation, pour s’y mêler au plus juste
. . . . il s’agissait de pister sa première étincelle, de reconstruire dans la boue
. . . . . . . . . . . . . . de nos mots l’histoire de sa contagion à la première braise
. . de raconter comme elle a su emmener la seconde à s’enflammer.
Et comment se conjuguaient cette fois-là . . chaleur . . fumée . . et . . lumière.
Et quelle patience à couver.
Et quel fracas . . . . . quand tout l’air alentour est soudain convoqué
. . . . . . . . pour que la flamme explose.

. . . .

On imaginait que le monde nous comprendrait mieux ainsi
. . . . . . . . que nous pourrions y vivre en humains.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En humains.

. . . .

Je vis un temps où ce qui arrive provient d’un feu si lointain
. . . . que ses fumées se perdent dans les strates de suie des bibliothèques
. . . . que sa lumière se confond avec celle du jour
. . . . . . . . . . . dans chaque écran que l’usage dresse entre le monde et moi
. . . . que je n’ai connu aucun froid

— jamais —

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . qui me fasse sentir la tiédeur qui en…

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Auteur: lundimatin