La baguette coûte plus cher, la faute au changement climatique

Christian de Perthuis est professeur d’économie et fondateur de la Chaire économie du climat à l’université Paris Dauphine. Il est également administrateur de l’ONG Agrisud international, spécialisée dans la formation à l’agroécologie dans les pays en voie de développement.

Christian de Perthuis. © DR


Reporterre — À quoi est due l’augmentation du prix du pain (de 5 à 10 centimes) à laquelle nous assistons ces derniers jours ?

Christian de Perthuis — Le blé est, avec l’eau et un peu de levure, le seul composant de la farine. Or, le prix du blé a augmenté dans des proportions significatives. Cela est dû à plusieurs facteurs. D’abord, son offre s’est dégradée suite aux vagues de chaleur qui ont frappé le Canada cet été, et ont provoqué une baisse des récoltes en Amérique du Nord. Il y a également une grande incertitude sur la quantité de blé que la Russie, un des exportateurs principaux, va fournir ou non sur le marché international.

L’offre est également impactée par la hausse des prix de l’énergie comprise dans le coût de production des matières de base. Pour les céréales, ce coût direct et indirect est important. Le prix des engrais azotés, fabriqués à partir du gaz, s’est en particulier envolé. La hausse du coût des intrants agricoles est un facteur d’amplification de la crise à moyen terme. 

Le prix du blé panifiable [avec lequel est fabriqué le pain] est ainsi passé de 200 euros la tonne en juillet dernier, à 260 euros en septembre, pour avoisiner 280 euros lors de la dernière cotation à Euronext. Or, cette période est cruciale : elle correspond à la récolte du blé dans l’hémisphère nord, très majoritaire dans l’offre mondiale.

Quels sont les mécanismes à l’œuvre derrière l’augmentation du prix des matières agricoles ? 

Concernant le court terme, les prix des matières de base dépendent de l’offre et de la demande, auxquels s’ajoutent les comportements d’acteurs, qui peuvent être spéculatifs. Dans la période récente, il n’y a pas d’effondrement de l’offre, mais des points de rupture ciblés : d’abord l’Amérique du Nord et le Canada, qui ont connu des conditions climatiques extrêmes, en partie liées au réchauffement global avec des records de température. Vient s’y ajouter une incertitude sur la gestion du surplus exportable de la Russie, que certains suspectent de freiner les ventes pour faire augmenter les prix. Sur le maïs, le Brésil a connu une récolte déplorable en raison de la sécheresse. Sur…

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Auteur: Moran Kerinec Reporterre